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LA HOLLANDE.

de les faire sécher et de les lui livrer. Une telle tâche exigeait soixante jours de travail. À cette condition, la famille avait la libre jouissance de ses champs de riz ; elle devait seulement remettre un dixième de sa récolte au fonctionnaire du district. La compagnie avait du reste, comme nous l’avons dit, établi dans ses possessions le monopole du commerce.

Le général Daendel était un homme d’une intelligence remarquable et d’une rare fermeté, un de ces hommes comme la Hollande en a produit beaucoup, qui voient de loin leur but, qui s’attachent de cœur à une idée et la suivent opiniâtrement à travers tous les obstacles. Il arrivait à Java dans les circonstances les plus difficiles. La Hollande, épuisée d’hommes et d’argent, menacée par l’Angleterre, obligée de se tenir en garde contre un danger imminent, avait besoin d’être secourue par ses colonies et ne pouvait les secourir elle-même. Les princes de Java, voyant sa faiblesse, pensaient à secouer le joug qu’elle avait fait peser sur eux et à reconquérir leur ancienne souveraineté. Dans une telle complication d’embarras et de périls, Daendel comprit que les demi-mesures ne feraient qu’aggraver la situation et qu’il fallait nécessairement faire preuve d’énergie. On l’a accusé d’avoir agi avec dureté. Cette dureté était nécessaire pour corriger les abus tolérés par la compagnie.

Il commença par rendre aux habitans de Java la liberté du commerce. En les délivrant des entraves du monopole, il les astreignit à un travail plus rigoureux, à des corvées plus nombreuses. Il les obligea non-seulement à cultiver le café, mais à construire des édifices et des fortifications, et à faire des routes. Une partie des revenus du pays était affermée à des Chinois qui tiraient de leur bail un revenu considérable et commettaient d’odieuses exactions. Il abolit leur contrat et rendit au gouvernement la perception directe des impôts. Il assigna aux fonctionnaires un traitement proportionné à leur grade, et leur interdit, sous les peines les plus sévères, tout acte arbitraire. L’administration des forêts, des salines, négligée depuis plusieurs années et livrée au pillage, fut entièrement réorganisée. Batavia devint le siége réel du gouvernement, le point central d’où le général expédiait ses ordres et où il recevait les rapports de ses subordonnés. Une police active surveillait les employés des diverses administrations, et une justice rigoureuse sévissait contre les coupables. En même temps que Daendel s’occupait ainsi des détails de son gouvernement, il prenait ses mesures pour se défendre contre les Anglais en cas d’attaque. Il augmentait le nombre des trou-