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Quant à la politique extérieure, se contenterait-on par une bonne attitude, par un langage ferme et digne, par des armemens sérieux et significatifs, de faire respecter les révolutions qui venaient de s’accomplir en France et dans les pays limitrophes, ou bien, profitant de l’élan populaire au dedans et de quelques mouvemens révolutionnaires au dehors, déchirerait-on les déplorables traités de 1815, et demanderait-on à l’Europe, les armes à la main, une nouvelle distribution territoriale ?

Enfin, une fois le jugement légal du pays prononcé, quelle attitude convenait-il de prendre à l’égard de la minorité, si la minorité protestait violemment contre ce jugement ? Fallait-il chercher à l’apaiser, à l’adoucir, à la désarmer par des concessions ? Fallait-il au contraire, par une résistance énergique, la réduire à l’impuissance ? Pendant que la lutte durerait, en un mot, et sauf examen ultérieur, est-ce du côté de la liberté, est-ce du côté de l’ordre, que la législation devait pencher ?

Ainsi, d’une part, la monarchie constitutionnelle, la prépondérance des classes aisées, la paix, la résistance énergique à toute espèce de désordre, et, s’il le fallait, le sacrifice momentané de quelques garanties libérales ; de l’autre, la république avouée ou déguisée, la participation plus ou moins active, plus ou moins directe, des classes les plus nombreuses au gouvernement ; une protestation immédiate contre les traités de 1815 et la conquête d’une meilleure frontière ; quelques concessions enfin aux mécontens, et, dans les lois à faire, le développement non interrompu du principe libéral, comme si l’ordre n’était pas troublé : tels furent, après quelques hésitations et quelques tentatives infructueuses de conciliation, les deux drapeaux qui se trouvèrent définitivement déployés ; tels furent les deux camps dans lesquels chacun dut se ranger selon ses tendances et ses prédilections. Le premier fut celui du 13 mars et du 11 octobre, le second celui du compte-rendu.

Je suis fort loin de dire que, dans le premier de ces deux camps, tout le monde voulût également la monarchie constitutionnelle avec ses conséquences, la prépondérance politique des classes aisées, la paix, et la résistance énergique, par la législation et par le gouvernement, aux tentatives des factions ; que dans le second, d’un autre côté, il n’y eût qu’un avis sur les institutions républicaines, sur la participation au pouvoir des classes les plus nombreuses, sur la guerre, enfin sur le développement qu’il convenait de donner aux libertés individuelles. Dans la majorité du 13 mars et du 11 octobre, comme