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REVUE. — CHRONIQUE.

Ces observations n’ont nullement pour but d’encourager la conclusion d’un traité avec la Belgique. De tous les traités de commerce que nous pourrions conclure, le traité belge est sans contredit celui qui exciterait le plus de clameurs et qui rencontrerait dans les chambres une opposition invincible. Les Belges n’ont qu’un moyen de sortir d’embarras et d’établir avec la France les relations commerciales qui leur sont nécessaires : ce moyen est l’association des douanes ; cette pleine communauté d’intérêts pourrait seule se faire accepter par une imposante majorité. Un traité partiel sera toujours regardé comme un pacte funeste, comme une concession sans équivalent proportionné, comme un fait incompatible avec notre système industriel.

Quoi qu’il en soit, les difficultés que rencontre le traité belge ne doivent point décourager le gouvernement. Il se peut que d’autres conventions offrent à notre commerce et à notre navigation des compensations suffisantes ; il se peut que la politique, l’industrie, la marine, trouvent leurs intérêts également favorisés, ou sagement combinés dans un traité.

M. le ministre des affaires étrangères a nettement posé la question dans quelques mots qu’il a prononcés sur ce sujet à la chambre des pairs. La question est complexe. Il s’agit de concilier dans une juste mesure, et sans perdre de vue les faits existans, les intérêts de ceux de nos producteurs qui vivent du commerce intérieur, les intérêts de ceux qui produisent pour les marchés étrangers, et qui ne peuvent y débiter leurs denrées qu’en recevant en échange des produits non français, les intérêts aussi des consommateurs auxquels, à vrai dire, on ne pense guère, et enfin les exigences de la politique, qui ne permettent pas à la France de se séparer, pour ainsi dire, du monde entier. Aujourd’hui, grace à la paix, c’est surtout par le commerce que peuvent se fonder ou se consolider des relations internationales, à la fois intimes et durables. Nous acceptons les conditions du problème ainsi posé. Espérons que le cabinet ne se contentera pas de le poser ; qu’il s’appliquera sérieusement à chercher les moyens de le résoudre.


La mort de M. de Frayssinous et de M. Alexandre Duval laisse deux fauteuils vacans à l’Académie. M. Alfred de Vigny se présente pour la succession de M. d’Hermopolis, en concurrence avec M. le baron Pasquier. Nous n’avons pas besoin de dire que toutes nos sympathies sont acquises d’avance à M. de Vigny. L’esprit délicat et profond qui nous a raconté les douleurs de Stello, le chantre éminent de Moïse et de Dolorida a sa place marquée à l’Académie française. M. Alexandre Dumas se met sur les rangs