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DU MAGNÉTISME ANIMAL.

velle pour le magnétisme animal. Cette découverte fut celle du somnambulisme artificiel, ou sommeil lucide. Ce fut un jeune paysan de sa terre de Busancy, près Soissons, nommé Victor, qui lui offrit le premier exemple de cet état singulier avec quelques-uns de ses merveilleux effets. M. de Puységur ayant annoncé sa découverte, d’autres faits vinrent bientôt la confirmer. Toute l’attention des magnétiseurs se porta, dès ce moment, sur cet étrange phénomène. Les procédés de Mesmer, étant reconnus inutiles à sa production, furent bientôt abandonnés, ainsi que les traitemens en commun. Sa théorie toute empruntée à la physique, parut également impropre à expliquer le fait nouveau, et se transforma en une autre dont il sera bientôt parlé.

C’est de la découverte du somnambulisme que les historiens du magnétisme datent le commencement de ce qu’ils appellent sa seconde époque, la première étant à peu près remplie par le mesmérisme.

Une troisième et dernière époque est celle où nous sommes en ce moment. Elle commence en 1813 avec la publication de l’Histoire critique du Magnétisme animal de M. Deleuze, le livre le plus remarquable et même le seul véritablement remarquable, à notre connaissance, de la littérature magnétique en France, ouvrage d’un esprit droit, philosophique, ingénieux, sensé, instruit et honnête, écrit avec goût et talent. Le magnétisme animal eut dès-lors une sorte de renaissance. Le docteur Bertrand, M. Dupotet, donnèrent des leçons publiques. On fit dans plusieurs des grands hôpitaux de Paris des expériences somnambuliques. Les écrits se multiplièrent ; les plus estimables sans contredit furent ceux du docteur Bertrand[1], qui essaya non sans talent, mais avec peu de succès, ce nous semble, d’introduire la lumière de la psychologie dans la théorie du somnambulisme, et celle de la critique philosophique dans son histoire.

Les évènemens les plus intéressans de la carrière du magnétisme, dans les dernières années, sont ses relations avec les corps savans[2]. En 1825, le magnétisme se crut assez fort pour frapper de nouveau à la porte des académies, où il avait été jadis si mal reçu. Comme il s’était singulièrement transformé depuis, il espéra qu’on ne le reconnaîtrait point. Un médecin, M. Foissac, invita simultanément l’Académie des Sciences et l’Académie de Médecine à se livrer à un nouvel examen du magnétisme animal. L’Académie des

  1. Traité du somnambulisme, 1822. Du magnétisme animal en France, etc., Paris, 1826.
  2. On en trouvera le récit complet et détaillé dans l’Histoire académique du magnétisme animal de M. Dubois (d’Amiens) et Burdin jeune.