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géométriquement décroissans, si fatigantes dans les gravures de notre école depuis Bervick.

En lithographie, il n’y a que sept exposans. On peut citer les deux figures du Christ et de la Vierge, de M. Sudre, d’après M. Ingres. Celle de la Vierge, malgré quelques analogies, n’est pas celle du tableau qu’on a vu récemment dans l’atelier de ce maître ; c’est, sauf erreur, la reproduction d’un dessin de même grandeur existant à Paris dans le cabinet d’un amateur. L’original de la tête du Christ nous est inconnu.

Les dessins d’architecture ne consistent, pour la plupart, qu’en de vastes projets de monumens, avec plans, élévations, coupes, cotes et détails. De tels ouvrages ne peuvent être jugés sur un simple coup d’œil, et n’offrent un véritable intérêt qu’aux gens de l’art. Nous déclinons la responsabilité de toute censure ou de tout éloge à l’égard de ces œuvres et de leurs auteurs. Nous ne citerons, comme appartenant de plus près à notre domaine, que la Restauration du temple d’Érecthée, à Athènes, par M. Travers. Sans nous faire juge d’un travail qui a dû coûter bien des recherches archéologiques à son auteur, nous doutons que l’usage excessif qu’il a fait des couleurs soit appuyé sur des autorités d’une authenticité suffisante, et acceptable dans l’état des connaissances acquises jusqu’ici sur l’architecture polychrôme des Grecs.

Sculpture. — Sur les deux mille cent vingt-un ouvrages d’art exposés cette année, il y a mille neuf cent quatre-vingt-trois tableaux, dessins ou gravures, et cent trente-huit morceaux de sculpture seulement ; la sculpture y est donc, à la peinture, dans le rapport à peu près de un à quatorze. Ce chiffre représente le degré relatif d’intérêt et de faveur qu’on accorde en France à ces deux branches de l’art. Cette énorme disproportion tient sans doute, pour une bonne part, à des causes matérielles trop évidentes pour être expliquées ici ; mais l’indifférence du public n’y est pas étrangère. La statuaire n’a jamais été bien populaire en France, excepté toutefois pendant le moyen-âge, époque, à la vérité, où elle n’était guère qu’un auxiliaire de l’architecture, qui en employait alors beaucoup, soit pour l’ornement des églises, soit pour la décoration des tombeaux. On peut même assurer, et des recherches exactes l’ont bien prouvé, qu’il s’est fait beaucoup plus de sculpture en France, durant cette longue période appelée de barbarie, du VIIIe au XVIe siècle, qu’il ne s’en est fait depuis. Jean Cousin, qui passe pour le fondateur de notre école en sculpture comme en peinture, avait eu plus de maîtres qu’il