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HISTOIRE LITTÉRAIRE.

et à la hâte, qui contient peut-être cent pièces différentes, et qu’on ne doit plus revoir. Ce sont là des difficultés qui ne sauraient être convenablement appréciées que par les hommes du métier, et qui font de la rédaction d’un bon catalogue de manuscrits une des entreprises littéraires les plus difficiles. Au reste, l’utilité de bons catalogues est bien reconnue des érudits, et tous ceux qui s’occupent de l’Orient savent que la mine la plus féconde, que l’ouvrage le plus complet que l’on connaisse sur l’histoire, les sciences et la littérature des peuples sémitiques, n’est autre chose que le catalogue des manuscrits arabes de la bibliothèque de l’Escurial, rédigé dans le siècle dernier par Casiri. Ce qui donne surtout tant de prix à cet ouvrage, ce sont les extraits des manuscrits et les pièces inédites que le rédacteur y a insérés. Cet exemple méritait d’être suivi, et nous savons qu’il le sera, grace surtout à M. Villemain, qui a désiré que des pièces inédites, des lettres d’hommes illustres, des passages dignes d’intérêt, fussent insérés dans ce catalogue. À la suite de chaque manuscrit se trouveront les extraits les plus courts, les citations succinctes, et il y aura à la fin de chaque volume les pièces plus considérables. On voit que ce catalogue sera en même temps un grand recueil de pièces inédites. Ce sera l’histoire littéraire de la France pour les monumens.

Nous sommes assuré que le concours actif, éclairé, résolu, du gouvernement, ne manquera pas à cette entreprise. Ce qui pourrait en compromettre le succès, ce serait l’esprit municipal, qui demanderait à s’emparer de cette affaire, et à entraver les travaux de la commission. Nous l’avons déjà dit, il faut appeler tous les hommes compétens à y prendre part, et avant tout les bibliothécaires. Cependant, si dans certaines localités ils ne peuvent ou ne veulent pas contribuer activement à la rédaction des catalogues, il faut, sous peine de ne plus avancer, confier immédiatement à d’autres les travaux que les bibliothécaires n’exécuteraient pas : sans cela, chacun se ferait charger du catalogue de la bibliothèque qu’il dirige, et tout serait arrêté. Il faut ne pas craindre de blesser certaines susceptibilités, ni trop ménager certaines influences. Rien ne ressemble moins à la matière électorale qu’un manuscrit. Ce ne sont pas là des craintes imaginaires. Lorsque M. de Salvandy eut l’heureuse idée de répandre davantage l’instruction dans les provinces, et qu’il voulut fonder quelques nouvelles facultés, ce projet fut accueilli avec enthousiasme par les villes qui devaient en profiter ; mais bientôt le