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populariser la science et de rendre intelligible et sensible, pour ainsi dire, ce que la métaphysique a de plus abstrait. Cette clarté du langage, indice de la précision et de la justesse des idées, l’usage de la méthode expérimentale, la circonspection unie à l’étendue et à la sagacité du jugement, l’élégance et la sûreté des méthodes, la noblesse et l’élévation des pensées, sont autant de rapports entre M. de Rémusat et celui dont il a été le collaborateur et l’ami, et dont il sera sans doute appelé à recueillir l’héritage académique. On sent, en lisant les Essais de philosophie, que M. de Rémusat est à l’aise parmi les idées nobles et élevées, et que chez lui les bonnes inspirations viennent de source. Il retrouvera à l’Académie d’autres philosophes de l’ancien Globe, toujours attachés de cœur à la bonne cause philosophique, toujours dévoués au rationalisme, à sa méthode et à ses doctrines. Nous n’exprimerons pas le vœu que l’élection de M. de Rémusat l’attache par un nouveau lien à la philosophie ; la politique ne nous l’enlèvera jamais entièrement, parce qu’il sait que toute politique qui ne s’appuie pas sur la philosophie bâtit sur le sable. La politique est la mer agitée par les tempêtes ; la philosophie est le temple majestueux et serein élevé par la doctrine des sages :

Edita doctrinâ sapientûm templa serena.

Les intérêts, les passions et les partis n’ont qu’un temps ; mais la science s’étend dans le passé et dans l’avenir, et elle répond pour l’homme aux intérêts de sa double vie.


Jules Simon.