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mouton dévia et s’engagea si fortement dans sa route oblique, qu’il fut impossible de le retirer, même en se servant d’énormes chaînes et en employant un bataillon de soldats. Il y avait sans doute des moyens de sortir d’embarras : on pouvait loger l’outil de côté, attaquer cet outil et le terrain enveloppant par des réactifs chimiques d’un prix peu élevé qui l’eussent dissous ; mais l’ingénieur aima mieux faire comme le sondeur chinois eût fait en pareil cas : il abandonna son puits ; seulement il n’imita pas complètement le Chinois, qui eût patiemment recommencé un autre sondage.

Le mauvais succès de la tentative de l’École militaire n’a pas effrayé une société de capitalistes lyonnais, qui s’intitule compagnie de la sonde française, et qui exploite aujourd’hui le sondage à la corde, mais en le modifiant considérablement. Le directeur des travaux de cette compagnie, M. Corberon, a résolu, comme on va le voir, divers problèmes importans, et, entre autres, celui de la direction de l’outil.

Il faut savoir d’abord que le peu de consistance de la plupart des terrains que rencontrent les sondeurs en Europe, oblige presque partout ceux-ci à maintenir les parois du puits à l’aide de tubes en tôle, qu’on fait descendre à mesure que s’approfondit le trou de sonde. Or, c’est ce même tube de retenue des terres qu’a pris pour guide le directeur de la compagnie de la sonde française, et tout fait croire que de profonds sondages pourront être régulièrement opérés par cette méthode. Ce système est remarquable par sa simplicité même. On fait descendre constamment le tube de retenue à mesure que le trou s’approfondit, et on maintient l’extrémité inférieure de ce tube à quelques pouces seulement du fond. Le mouton, dont la longueur est d’un mètre au moins, dépasse donc à peine la colonne de tôle qui le renferme, et tout le reste de l’outil, glissant sur celle-ci, se trouve d’autant mieux guidé qu’il s’y emboîte presque exactement.

Avant la découverte du perfectionnement que nous venons de décrire, les ingénieurs européens étaient forcés de renoncer au procédé de la corde, et ils n’avaient trouvé rien de mieux à faire que de remplacer cette corde par une tige en fer rigide qu’ils guidaient, tant bien que mal, par en haut. Cette méthode, que suivent encore la plupart des sondeurs, est d’autant plus vicieuse que le puits est plus profond ; car la difficulté de guider l’outil, de le maintenir dans une direction bien verticale, devient une impossibilité manifeste, quand la tige, qu’on ne retient que par un bout, est d’une certaine longueur. Un autre inconvénient résulte du choc lui-même lorsque le