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Ordinairement, le manche en question est une tige en fer formée de plusieurs tiges partielles placées bout à bout, emboîtées les unes dans les autres, et qu’on peut, par ce moyen, allonger indéfiniment. Pour empêcher que le mouvement de rotation ne torde cette tige, on lui donne une épaisseur d’autant plus grande qu’elle est plus longue. Ainsi, pour le puits de Grenelle, il a fallu, dans les derniers temps, des tiges très épaisses dont le poids total est de trente-un milliers de kilogrammes, et qui, par conséquent, sont d’un maniement on ne peut plus pénible.

Pour rendre plus léger ce manche du forage, on a imaginé de substituer aux barres pleines des tubes creux en fer qui résistent tout aussi bien, quoique contenant moins de matière. Le directeur de la compagnie de la sonde française a été plus loin encore ; il a pris pour machine, dans l’acte du forage, le tube même qui sert à la retenue des terres, et à cet effet il arme de dents le bord inférieur de ce tube et le fait tourner sur lui-même à mesure qu’il s’enfonce, de sorte que, dans ses mains, ce tube remplit trois fonctions distinctes : 1o il maintient les parois des puits ; 2o il sert à guider le mouton qui glisse, en s’appuyant sur lui pendant le battage ; 3o il est un instrument de forage. Le sondage qu’on opère ainsi n’enlève, on le voit, qu’un anneau au-dessous même du tube, et il faut extraire tout l’intérieur de cet anneau au moyen du battage que nous avons décrit plus haut. La société d’encouragement pour l’industrie nationale a tout récemment accordé son approbation à ce système que nous sommes, pour notre compte, porté à adopter.

On objecte à la compagnie française qu’elle n’a fait encore avec ses nouveaux outils que des sondages peu profonds, de 65 mètres environ, près de Grenoble, qu’il lui sera impossible de faire tourner ainsi le tube de retenue des terres dans l’acte du forage, quand ce tube aura une grande longueur, et surtout quand il traversera des terrains argileux qui, se gonflant facilement, le presseront comme dans un étau. À ces objections graves, la société répond qu’il est facile d’éviter la pression des argiles ou des terrains, quels qu’ils soient, en élargissant convenablement les trous de sonde à l’aide des outils spéciaux que tous les sondeurs emploient à cet usage. Bornons-nous à dire que ces élargisseurs sont composés de pièces articulées qui s’écartent quand on fait descendre ces instrumens au-dessous du tube, et qui, débordant alors ce tube même, entament le terrain plus ou moins profondément, et creusent, si on le veut, un anneau plus large que le trou de sonde.