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PUITS ARTÉSIENS.

À cette première considération, la société française ajoute encore un argument tiré du malheureux forage de l’École militaire. Elle rappelle que, jusqu’au moment où cette opération a été abandonnée, les ouvriers ont pu faire tourner sur lui-même et sans grand effort le tube de retenue des terres, et cependant ce forage a été poussé à 200 mètres. La société se croit donc fondée à présumer qu’il sera possible de faire tourner encore le tube, descendît-il à la profondeur de 5 à 600 mètres.

Dans le plus grand nombre des sondages qui ont été faits jusqu’à ce jour en Europe par des méthodes différentes de celle de la compagnie française, et notamment dans celui de Grenelle, on n’a pu faire descendre le tube de retenue qu’à une certaine profondeur. Arrivé à ce terme, la pression des terrains environnans, ou les simples frottemens que le tube exerce contre eux, ont empêché toute descente extérieure ; il a fallu, pour prolonger inférieurement le tubage, insérer dans le premier tube un autre tube plus étroit qu’on a enfoncé à son tour autant qu’on l’a pu, et on a continué ainsi le tubage par l’addition successive de tuyaux de plus en plus étroits. La compagnie française pose en principe que tous ces forages ont été faits avec peu de soin, qu’on n’a pas pris la peine de bien élargir les trous de sonde, au passage des couches argileuses, afin de prévenir leur resserrement ; elle affirme que, sans cette négligence, les tubes n’eussent pas adhéré si fortement au terrain, et qu’on aurait pu faire descendre le premier, sinon indéfiniment, du moins jusqu’à une limite fort éloignée.

Si la doctrine de la compagnie française est exacte, les forages pourront être simplifiés à l’avenir. 1o  L’emploi d’un seul tube évitera les rétrécissemens du trou de sonde qui finissent par empêcher les outils de passer, ou du moins qui forcent à commencer le forage sur un diamètre bien plus grand et bien plus coûteux ; 2o  le tube devenant le manche de l’instrument de forage, on évitera la dépense toujours considérable de l’achat des tiges, de leur transport, et les embarras de leur maniement. De tels avantages demandent à être mis en évidence par une expérience qui puisse appeler l’attention générale ; souhaitons donc à la Compagnie française un sondage aussi profond que celui de Grenelle. Sans attendre une démonstration aussi éclatante, nous dirons dès à présent, avec les ingénieurs les plus compétens en cette matière, qu’en Europe il faut faire marcher de front la percussion et le forage. La percussion s’opère très bien à