Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 30.djvu/534

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
528
REVUE DES DEUX MONDES.

mener comme des enfans à Jésus-Christ, qui est venu apporter au monde la vie et l’immortalité. Ce médiateur si nécessaire ne pouvait être ni un ange ni un homme. Les anges eux-mêmes avaient besoin d’un chef, d’un supérieur qui les unît plus étroitement à Dieu. Quant à l’homme, dans son état d’innocence, il ne pouvait parvenir à Dieu sans médiateur : l’aurait-il pu davantage, quand il était infecté de sa propre corruption, quand il courbait la tête sous le coup de la malédiction divine ? Voilà pourquoi c’est le fils de Dieu qui a été fait lui-même fils de l’homme, pour qu’il fût à la fois notre frère par l’humanité, et notre maître, puisqu’il est Dieu même. Jésus-Christ a exercé sa médiation en déployant trois caractères, il a été prophète, roi et sacrificateur. Prophète, il a enseigné les mystères du ciel, et en même temps il a mis fin à toutes les prophéties par la perfection de la doctrine qu’il a apportée au monde. Sa royauté n’est pas moins évidente, royauté spirituelle et divine qui s’étend à la fois sur l’église et sur chaque fidèle en particulier. Quant à son sacerdoce, qui pourrait le nier, lorsque le sacrificateur est en même temps la victime, et lorsqu’il s’immole lui-même pour satisfaire la divine justice ? Par le sacrifice de Jésus-Christ la satisfaction est entière ; dans son sang versé nous trouvons le rachat de nos péchés, dans sa descente aux enfers notre réconciliation, dans son tombeau la mortification de notre chair, dans sa résurrection l’immortalité, dans son ascension l’héritage céleste. Ainsi tout se tient, tout s’enchaîne ; le système de la religion chrétienne est complet : consummatum est.

Nais non, tout n’est pas consommé, car il faut enseigner à l’homme comment il pourra profiter du sacrifice et des mérites de Jésus-Christ. Pour que le rédempteur nous communique ses biens, il faut qu’il habite en nous, et le lien de notre union avec lui est le Saint-Esprit : c’est cet esprit divin qui, non-seulement par sa puissance, soutient et conserve le genre humain et le monde, mais qui est la racine et la semence de la vie spirituelle et céleste. Le père nous communique son esprit en considération de son fils, et c’est pour cela que cet esprit divin est appelé tantôt l’esprit du père et tantôt l’esprit du fils. Qu’opère en nous cet esprit divin ? Il y produit la foi. La foi est une connaissance de la volonté de Dieu que nous avons puisée dans sa parole, une soumission complète à cette volonté, enfin une certitude profonde que, par l’effet de sa bienveillance, de sa miséricorde gratuite, nous serons sauvés. La pénitence doit suivre la foi. Seulement il faut bien comprendre que l’homme est justifié par la foi seule, et qu’il n’obtient la rémission de ses péchés que de