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évalué, pour 1843, à 100 millions ; en retranchant 30 millions de frais, le bénéfice est de 70 millions que l’on peut ajouter au revenu des douanes ; il y a encore loin, même avec cette adjonction, de 160 millions à 560.

Évidemment la France peut et doit trouver dans ses douanes une source plus abondante de revenus. Il ne peut être question, de long-temps du moins, d’arriver au chiffre des douanes anglaises ; ce chiffre tient beaucoup plus à l’élévation des tarifs qu’à la quantité des marchandises importées, car on a vu que l’importation, en Angleterre, n’excède que de 50 pour 100 l’importation en France. Nous croyons cependant qu’il serait possible, dès à présent, d’augmenter de beaucoup, peut-être de 100 millions, le produit de nos douanes.

On a beaucoup parlé, dans ces derniers temps, de deux mesures qui amèneraient à elles seules une bonne part de ce résultat. La première est un acte quelconque, soit l’égalité des droits, soit l’indemnité, qui donnerait, chez nous, au sucre exotique la totalité du marché. Le droit sur le sucre, qui rapporte maintenant 50 millions en y comprenant le droit sur le sucre indigène, rapporterait immédiatement 80 millions, s’il était égal pour tout le sucre consommé en France, quels que fussent les moyens qui auraient amené cette égalité, et tout annonce que, par l’accroissement naturel de la consommation, la recette sur ce seul article arriverait, dans quelques années, à 100 millions.

On ne saurait trop regretter que l’opposition des intérêts privés ait encore ajourné cette année une solution qui est d’un si grand intérêt pour le trésor, et qui a en même temps de si immenses avantages sous d’autres rapports non moins importans.

La seconde mesure qui amènerait infailliblement un accroissement dans le produit de nos douanes, c’est l’association avec la Belgique. Les raisons politiques de premier ordre qui s’élèvent en faveur de cette association ne sont pas les seules ; il y en a encore beaucoup d’autres d’intérêt matériel, et parmi celles-là nous plaçons au premier rang l’intérêt du trésor. Dans la situation actuelle des choses, un Belge consomme en moyenne deux fois plus qu’un Français de denrées coloniales et autres marchandises étrangères ; ces quatre millions de nouveaux consommateurs accroîtraient donc le revenu des douanes d’un cinquième au moins, et comme le partage du revenu entre les deux pays ne pourrait se faire qu’au prorata de la population, ils ne percevraient qu’un neuvième. Le bénéfice qui en résulterait pour le trésor français serait compensé par l’avantage que nous offririons aux Belges en leur ouvrant un marché intérieur huit fois plus considérable que le leur. Le trésor belge n’y perdrait pas d’ailleurs, car nos tarifs étant plus élevés, son neuvième dans la recette commune serait plus considérable que ce qu’il perçoit aujourd’hui.

Quels que soient les motifs qui ont fait abandonner la négociation entamée avec la Belgique, il faut espérer que cette négociation sera reprise tôt ou tard, et qu’elle aboutira à une association. L’intérêt des deux pays l’exige impérieusement.

Voilà donc deux faits bien connus, l’égalité du droit sur le sucre et l’as-