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LETTRES DE CHINE.

Le 27 février, l’escadre de reconnaissance, composée de cinq corvettes et de deux bateaux à vapeur, remonta la rivière de Canton. Le même jour, une des principales défenses de la rivière avait été enlevée par les Anglais après une énergique résistance.

Le 1er  mars, l’escadre était arrivée à Whampoa ; elle avait détruit les positions qui défendent ce point de la rivière et s’avançait vers Canton, lorsque, le 3, un pavillon parlementaire fut envoyé au plénipotentiaire par les Chinois, et une trêve leur fut accordée. Sir Hugh Gough, major-général et commandant des forces de terre, était arrivé le 2 mars dans la rivière de Canton.

Le 7, M. Elliot annonça que, l’armistice accordé aux Chinois étant expiré, les ouvrages avancés du fort d’Howqua (à quelques milles de Canton) avaient été occupés, et qu’il avait publié une proclamation aux habitans de la ville, rejetant sur les mauvais conseillers de l’empereur tous les maux que la population chinoise avait soufferts jusque-là ; il les prévenait que la miséricorde de la gracieuse souveraine de la Grande-Bretagne épargnait la ville, parce qu’elle ne voulait pas faire de mal à la population laborieuse et paisible, mais que, si l’escadre anglaise était attaquée dans sa présente station, elle se verrait obligée de repousser la force par la force. Un ordre du commodore Bremer, en date du 14, prévint les navires de commerce qu’il ne leur était pas permis de remonter la rivière plus haut que le fort de Boca-Tigris. Le 15 mars, la plus grande partie des positions en dehors de Canton était au pouvoir des Anglais. La capture de plus de cent pièces de canon, celle d’une grande quantité de jonques de guerre, enfin de nombreuses prises marchandes, avaient signalé la marche de l’escadre anglaise dans la rivière de Canton. Le 19, la cité chinoise n’avait plus de défenses à opposer aux forces britanniques, une dernière attaque ayant fait tomber sous les boulets anglais tous les forts qui protégeaient immédiatement la ville. Depuis le mois de janvier, plus de deux mille Chinois avaient péri en combattant pour la cause de leur pays. Un seul Anglais était mort des suites d’une blessure.

Le 20 mars, la suspension des hostilités entre les deux parties belligérantes fut de nouveau proclamée. La note du capitaine Elliot, datée de Canton et de la salle du consulat d’Angleterre, vous fera connaître à quelles conditions les Chinois obtinrent cette faveur.

« Une suspension d’hostilités dans cette province a été conclue aujourd’hui entre le commissaire impérial Yang et le soussigné. Il a été en outre publié par un avis adressé au peuple, sous le sceau du commissaire et du gouverneur par intérim de cette province, que le commerce du port de Canton est ouvert, et que les marchands anglais et autres qui jugeront à propos de se rendre dans cette ville pour s’y livrer à un commerce légal seront duement protégés. Aucun engagement ne sera exigé par les autorités de la province, mais les autorités anglaises ne s’opposeront pas à ce que l’introduction de marchandises prohibées en contrebande (duement prouvée) soit assujettie aux mêmes peines que si elle avait lieu en Angleterre, la détention des personnes et les punitions corporelles de toute sorte exceptées. En attendant que le différend