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TENDANCES NOUVELLES DE LA CHIMIE.

avaient exigées. Elle voulait s’associer ainsi, autant qu’il était en elle, à la production de plus d’un kilogramme d’eau artificielle, résultant de la combinaison directe de deux ou trois mille litres de gaz. M. Dumas a cru devoir refuser, et nous ne pouvons qu’applaudir aux honorables scrupules qui l’ont guidé dans cette circonstance.

Les nombres obtenus par M. Dumas comme représentant les équivalens du carbone et de l’hydrogène diffèrent sensiblement de ceux qu’avaient obtenus ses prédécesseurs. Toutefois aucun doute ne saurait s’élever sur l’exactitude de ces résultats. Les expériences du chimiste français ont été répétées en Allemagne, et leurs résultats pleinement confirmés. Nous ne pouvons exposer ici toutes les conséquences scientifiques qui en découlent : ces détails appartiennent de droit aux traités de chimie proprement dits. Il en est une cependant dont le rapport avec les idées que nous exposions plus haut est trop remarquable pour que nous la passions sous silence. Depuis long-temps le docteur Prout avait observé que les équivalens des divers corps simples étaient, à très peu près, exactement divisibles par l’équivalent de l’hydrogène. Il avait proposé de regarder les différences indiquées par le calcul comme dues à des erreurs d’observation. Ces vues théoriques, que n’appuyait, il faut l’avouer, aucune expérience directe, furent combattues avec vivacité par plusieurs chimistes, entre autres par M. Berzélius ; mais les nouvelles recherches de M. Dumas viennent leur donner un haut degré de probabilité. Il résulte, en effet, des nombres trouvés par ce chimiste, que les équivalens de l’oxigène, du carbone et de l’azote sont des multiples exacts de celui de l’hydrogène ; qu’en prenant celui-ci pour unité, les autres sont représentés par les nombres entiers 6, 7 et 8. Ce résultat est déjà bien remarquable ; il le devient encore plus en ce qu’il paraît devoir s’étendre à un très grand nombre d’autres corps. Tous ceux dont l’équivalent a été déterminé avec les précautions dont on connaît aujourd’hui l’importance se sont également trouvés être des multiples exacts de celui de l’hydrogène. Nous citerons l’équivalent du calcium, métal dont la combinaison avec l’oxigène produit la chaux, déterminé par M. Dumas lui-même ; ceux du gaz chlore, de l’argent, du potassium, radical de la potasse, obtenus par M. de Marignac ; enfin celui du zinc, trouvé par M. Jaquelain. N’y a-t-il pas quelque chose de mystérieux dans la généralité de ce fait ? Et lorsqu’on se rappelle ce que nous avons dit sur les combinaisons en général, n’est-on pas conduit à voir comme une annonce de quelque