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leur composition est la même : ils sont isomères. Dans les trois premiers, les quantités d’hydrogène et d’oxigène sont réunies dans les proportions nécessaires pour former de l’eau, en sorte qu’on peut représenter leur composition par du carbone, plus de l’eau. Ce dernier corps semble reprendre ici le rôle créateur que lui attribuaient les anciens, et la moindre variation dans le nombre de ses molécules suffit pour changer complètement la nature d’un composé. En voici un exemple :

72 de carbone et 90 d’eau forment la cellulose, l’amidon, et la dextrine.
72 99 forment le sucre de canne.
72 108 forment le sucre de lait.
72 126 forment le sucre de raisin.

Ce petit tableau nous explique comment il a été possible de transformer en sucre non-seulement l’amidon, mais encore du papier, des chiffons, de la sciure de bois. Tous ces corps sont principalement composés de tissus ligneux, et dès-lors il a suffi de déterminer la combinaison de leurs élémens avec une certaine quantité d’eau pour arriver à ce résultat, si extraordinaire au premier coup d’œil.

L’albumine, la fibrine et le caseum sont isomères, comme nous l’avons dit plus haut, et leur composition est représentée par du carbone, de l’eau et de l’ammonium.

Si nous joignons aux substances que nous venons d’indiquer quelques matières grasses et sucrées, nous aurons complété la liste des principes immédiats essentiels de toute organisation. Ainsi quatre élémens et tout au plus une douzaine de composés secondaires, tels sont les matériaux qui suffisent à la nature pour couvrir le globe de sa riche parure végétale, pour peupler la terre et la mer, la forêt la plus vaste comme la moindre touffe d’herbe, l’Océan comme la goutte d’eau.

III.

Ici se présentent de grandes, de belles questions. Ces élémens premiers, hydrogène, oxigène, carbone, azote, d’où viennent-ils ? Où l’organisation va-t-elle puiser ces corps nécessaires qu’elle met incessamment en œuvre ? Existe-t-il quelque part un grand réservoir préparé d’avance ? S’il en est ainsi, ce réservoir doit-il s’épuiser un jour, l’organisation s’arrêter et la vie disparaître de la surface du globe, faute d’êtres qu’elle puisse animer ? Si cette crainte est vaine,