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et, comme nous l’avons vu, il forme par sa combinaison avec l’eau et le carbone celles des substances végétales dont le règne animal a le plus besoin. Ces faits-nous expliquent le rôle des engrais et nous permettent de réduire le problème de leur production à cette expression bien simple : produire de l’ammoniaque à bon marché, fixer de l’azote au plus bas prix possible.

Dans ce qui précède, nous n’avons rien dit des sels solubles que l’eau entraîne avec elle dans les végétaux. Ces sels, abandonnés par le véhicule qui les charriait et qui s’évapore à la surface des feuilles, forment la partie du végétal qui résiste à la combustion. Ce sont les cendres, composées principalement de potasse, de soude, de chaux, de magnésie et de fer, combinés avec les acides carbonique, sulfurique, phosphorique et silicique ; ces substances n’offrent d’ailleurs rien de fixe dans leurs proportions. Théodore de Saussure a démontré depuis long-temps que la nature du sol influe sur celle des cendres. Le rôle de ces corps inorganiques est d’ailleurs presque nul dans la végétation, comme le prouvent les expériences déjà citées de M. Boussingaut. Les plantes cultivées sur du sable, nourries seulement d’air et d’eau, ne contenaient pas plus de cendres que les graines qui leur avaient donné naissance, et le manque de sels inorganiques ne les avait nullement empêchées de se développer, de donner des fleurs et des fruits.

C’est donc à l’atmosphère seule, en prenant ce mot dans une large acception, que les plantes empruntent leurs élémens, l’hydrogène, l’oxigène, le carbone et l’azote. Ces élémens y arrivent à l’état de combinaison. Sous l’influence de la lumière, ils sont réduits, et leurs molécules mises ainsi en présence s’unissent pour former les principes immédiats que nous avons signalés. En même temps se produisent d’autres composés moins importans, dont la présence n’est pas essentielle à la vie de la plante, mais qui n’en remplissent pas moins un rôle dans son mode d’existence. Ces substances accessoires sont principalement des matières gommeuses et sucrées, des huiles grasses, des graisses qui, brûlées dans l’acte de la germination, semblent fournir la chaleur nécessaire au développement de l’embryon, qui entourent et protègent la graine ; des huiles volatiles dont l’odeur pénétrante ou la saveur caustique défendent la plante contre les attaques des insectes, enfin des cires qui s’étendent sur les feuilles et les fruits comme un vernis naturel, et les rendent imperméables.

Ainsi, le grand laboratoire de la chimie organique se trouve dans les végétaux. Seuls, ils élaborent les matières premières que leurs