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semble chez elle toute la somme des hypothèques ou garanties partielles qui appartiendraient à chacun d’eux, pour en faire une garantie générale et commune. Heureuse et belle idée, d’une réalisation facile, et dont les résultats sont importans. Son premier avantage est de remédier à cette confusion, à ce désordre, que le fractionnement de l’hypothèque entraîne presque partout, et que l’on remarque particulièrement en France. Elle augmente d’ailleurs la garantie des prêteurs en la faisant porter, non plus sur telle propriété particulière sujette aux accidens, mais sur l’ensemble de toutes les propriétés engagées ; elle ouvre aux propriétaires eux-mêmes une source plus invariable et plus sûre d’emprunts faciles, à des prix modérés, sans parler des formalités et des frais de tous les genres qu’elle leur épargne. Enfin, comme elle permet de mobiliser les créances hypothécaires sous la forme de billets au porteur, elle fait répandre dans la circulation une masse de valeurs qui sans cela demeureraient stériles, et par là elle augmente en effet la richesse sociale, en ajoutant aux moyens d’action que l’industrie possède. Il serait fort à désirer que l’on songeât sérieusement à appliquer en France, avec les modifications convenables, cette idée, qui, à côté d’avantages réels et très grands, ne présente aucun danger ni aucun inconvénient appréciable. Seulement il ne faudrait pas croire, avec M. Cieszkowski et plusieurs autres écrivains, qu’une institution de ce genre, qui n’a pas, quoi qu’on en dise, de relation bien essentielle avec le crédit, pût suppléer le moins du monde à l’action des banques commerciales.

Les banques commerciales, dont les fonctions sont plus étendues et plus variées, pourraient elles-mêmes se diviser en plusieurs classes. Sans entrer dans des classifications qui auraient quelque chose d’arbitraire, et qui sont après tout inutiles, nous nous bornerons à indiquer les principales opérations qui sont de leur ressort. En laissant donc de côté les rapports que les banques commerciales ont eus souvent avec les gouvernemens qui les ont établies, ainsi que les emplois d’un ordre secondaire qu’elles ont partagés avec les banquiers particuliers, on peut résumer ainsi leurs principales fonctions :

1o  Escompter les effets de commerce, en prenant un intérêt proportionné au terme de l’échéance.

2o  Émettre des billets payables à vue et au porteur, qu’elles donnent soit en échange des effets de commerce qu’on leur présente, soit en paiement de toute autre dette qu’elles contractent, et qui peuvent circuler dans le public jusqu’à ce qu’il plaise aux porteurs de les présenter à la caisse pour les convertir en argent.

3o  Faire des avances aux particuliers, soit en billets de banque, soit en argent comptant, moyennant des garanties, telles que dépôt de marchandises, et particulièrement de matières d’or et d’argent, dépôt de titres ou de valeurs publiques, hypothèques sur des biens-fonds.

4o  Ouvrir à des particuliers ou à des établissemens publics des crédits à découvert jusqu’à concurrence d’une somme déterminée, soit après avoir exigé préalablement une caution, soit sur la seule garantie de la moralité ou