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REVUE. — CHRONIQUE.

douane hanovrienne de Hambourg, tirent leur nom de l’ancienne et petite ville de Stade, située à huit ou neuf lieues au-dessous de Hambourg et à une lieue de l’Elbe. Dès les temps les plus reculés du moyen-âge, les seigneurs de Stade, qui étaient les évêques de Brême et de Werden, levaient un péage sur tous les bateaux qui entraient dans l’Elbe. Le Hanovre fait remonter jusqu’à Charlemagne la concession de ce droit, qui fut confirmée dans la suite par plusieurs empereurs ; toutefois ce ne fut qu’à la fin du XVIIe siècle que la perception de ce péage fut régularisée. Stade appartenait alors à la Suède. Un traité conclu entre cet état et Hambourg en 1692 fixa les droits d’entrée dans l’Elbe par les navires de toutes les puissances. Les articles du tarif annexé à ce traité étaient en petit nombre ; les droits en étaient légers et calculés sur la base d’un seizième pour 100 ad valorem. La Suède s’engageait d’ailleurs à taxer dans cette proportion les marchandises qui n’auraient pas été spécifiées dans le tarif. Peu de temps après, en 1717, les duchés de Brême et de Werden furent acquis par l’électeur de Hanovre, qui venait d’être appelé au trône d’Angleterre sous le nom de George Ier. Jusqu’au milieu du siècle dernier, les navires anglais, aussi bien que ceux de toutes les autres puissances, avaient été obligés de jeter l’ancre devant les bureaux de douane de Stade, établis à Brunshausen, où l’on réclamait le droit de péage sur les navires et sur leurs cargaisons. Depuis George II, il leur est permis d’aller directement jusqu’à Hambourg ; seulement les capitaines sont astreints à déposer en passant leurs papiers pour être transmis à la douane de Hambourg, où s’opèrent la visite des navires et l’examen des marchandises. L’exécution des formalités qui doivent être remplies à Brunshausen est assurée par un brick de guerre, qui est à lui seul toute la marine de sa majesté hanovrienne.

Les droits de Stade sont levés annuellement sur environ quatre mille cinq cents navires. On évalue à plus d’un million de francs le revenu que le gouvernement de Hanovre a réussi à en tirer. S’il était demeuré fidèle à l’esprit du tarif de 1692, ce revenu s’élèverait à peine au neuvième de cette somme. Cependant, comme nous l’avons dit, les circonstances qui accompagnent la perception des droits les rendent beaucoup plus lourds que le chiffre de leur produit, à quelque exagération relative qu’il ait été porté, ne pourrait le faire croire.

Pour anéantir une des plus fortes entraves opposées à la facilité des relations commerciales en Allemagne, le traité de Vienne (art. 108 et suiv.) avait décidé que les puissances de la confédération dont les états sont séparés ou traversés par les mêmes rivières navigables régleraient d’un commun accord tout ce qui concernait la navigation de ces voies fluviales, que les péages seraient établis et perçus par elles d’une manière uniforme. En conséquence, une commission composée des délégués des divers états intéressés se réunit à Dresde pour régler la navigation de l’Elbe. Mais le Hanovre, le Danemark et Hambourg n’ayant pu se mettre d’accord, la commission se sépara sans avoir rien arrêté relativement aux droits de Stade, et depuis ce moment, c’est-à-dire