Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 32.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
183
ESQUISSES DE MŒURS POLITIQUES.

LE MINISTRE.

Impossible ! Exprimez-lui bien tous mes regrets. Je n’ai pas une minute à moi. Je le verrai aujourd’hui à la chambre.


Scène VI.

LE MINISTRE, LE CHEF DU CABINET.
LE MINISTRE.

Revenons à mon discours académique. Le public aime qu’un ministre sache concilier les travaux de la politique avec le culte des lettres ; il apprécie une telle liberté d’esprit ; il admire une pensée toujours maîtresse d’elle-même, malgré les préoccupations des affaires de l’état. Quant à moi, vous savez mieux que personne si mon administration souffre.

LE CHEF DU CABINET.

Nous avons bien quelque arriéré.

LE MINISTRE.

Qu’est-ce que cela ? Trop de précipitation nuit souvent ; le temps est un grand conciliateur. Après tout, la bonne renommée du ministre n’est pas trop payée par le retard de quelques signatures.


Scène VII.

LES PRÉCÉDENS, L’HUISSIER.
LE MINISTRE.

Encore !… Ne vous avais-je pas défendu ?

L’HUISSIER.

C’est M. D……, membre de la chambre des députés : il dit qu’il a toujours audience quand il se présente.

LE MINISTRE.

Qu’il entre. (L’huissier sort.) L’ennuyeux personnage ! Il va encore me faire perdre une heure. (Au chef du cabinet.) Vous m’enverrez dans quelques instans le secrétaire-général, il m’en débarrassera peut-être.