Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 32.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
206
REVUE DES DEUX MONDES.

LE MINISTRE.

Allons ! c’est comme un fait exprès. On m’attend chez moi ; j’y ai donné rendez-vous à quelques amis, et ma femme ne plaisante pas quand je laisse refroidir son déjeuner.

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL.

Dans une heure, je reviendrai…

LE MINISTRE.

Dans une heure nous avons conseil.

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL.

Après le conseil ?

LE MINISTRE.

Séance aux deux chambres.

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL.

Après dîner ?

LE MINISTRE.

Réception.

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL.

À demain donc.

LE MINISTRE.

Demain est mon jour d’audience ; mais après-demain je fermerai ma porte, et nous travaillerons en toute liberté.

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL.

Comme aujourd’hui. (Le ministre sort.) Après-demain, nous aurons quelque message du roi, une dépêche télégraphique à expédier, un discours à préparer pour la chambre ou pour l’Académie, un ambassadeur à recevoir, une commission à présider, des amis à entendre, et par-dessus tout des députés à flatter, à caresser, à ménager dans leur vanité, à satisfaire dans leurs exigences incessantes ; au milieu de la confusion de tant de soins divers, il en sera ce qu’il pourra des signatures, des portefeuilles, des chefs de division et de la myriade d’affaires qui réclament la signature du ministre, cette formalité sans laquelle il n’y a pas de responsabilité, avec laquelle les affaires n’ont pas de terme.


***