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FEU BRESSIER.

EXEMPLES :

Je vais conquérir de la gloire ! — C’est-à-dire : Je sais à Microbourg, auprès de l’église, une petite boutique d’orfèvre sur laquelle j’espère bien faire main basse.

Un autre. — Je vais conquérir de la gloire ! — C’est-à-dire : Ce sera un grand hasard si je ne réussis pas dans la bagarre à emmener un bon cheval, pour remplacer le mien, que je laisse éclopé à la maison.

Un autre. — Je vais conquérir de la gloire ! — C’est-à-dire : Je serai bien étonné si je reviens avec la mauvaise souquenille que j’ai sur le dos en ce moment.

Un autre. — Je vais conquérir de la gloire ! — C’est-à-dire : Gare si je rencontre quelques belles filles chez les ennemis.

Un autre. — Je vais conquérir de la gloire ! — C’est-à-dire : Ne pas oublier qu’il faut que je rapporte à Sophie des pendans d’oreille en or.

Voici nos héros à quelques pas de la ville. Les éclaireurs reviennent dire qu’ils n’ont vu personne, et que la ville paraît endormie. Quelques sages font remarquer que c’est peut-être une ruse de leurs perfides ennemis, qu’il ne faut pas s’y fier, qu’il est encore temps de renoncer à une expédition imprudente ; qu’il suffirait, pour humilier les Microbourgeois, que le prince jetât son gant dans la ville en signe de défi.

En ce moment, le cheval du prince se défend ; le prince, qui n’a jamais été bon écuyer, veut le retenir, se met en colère et lui donne un double coup d’éperon. Le cheval se cabre ; le prince rend la main ; le cheval part au galop et entre dans la ville : on le suit en blâmant sa folle témérité.

Le cheval s’arrête tout à coup en face d’une maison qui lui barre le chemin. Le prince, qui s’est de son mieux retenu aux crins, descend et l’attache à un poteau. Les Nihilbourgeois se pressent autour de leur chef. Le bruit que le cheval a fait dans la ville doit avoir réveillé leurs ennemis.

Mais comment se fait-il qu’on n’ait encore vu personne ? Pas un factionnaire, pas un cri d’alarme. Les habitans sont-ils ensevelis dans l’ivresse à ce point miraculeux ? Deux soldats viennent dire qu’ils ont enfoncé une boutique, et qu’ils n’ont trouvé dedans qu’une vieille femme qui s’est mise à genoux et qui leur a demandé grace.