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qu’elle passa, à la grande surprise, à la grande douleur de sir Robert Inglis et de plusieurs ultrà-tories. Ce n’est pas tout ; dans le parlement anglais, le membre qui propose un comité en a le choix, sauf délibération contraire de la chambre, et il a toujours soin d’y mettre son opinion en majorité. Le comité Roebuck fut donc composé de telle sorte que M. Roebuck lui-même en devint président, et put exercer de sa propre main les pouvoirs un peu inquisitoriaux qu’il s’était fait conférer. Dans cette situation, plusieurs personnes appelées refusèrent de répondre aux questions que M. Roebuck leur adressait, entre autres M. Walter, propriétaire du Times, candidat tory à Nottingham, et un des complices, en sens opposé, du compromis Hobhouse. M. Roebuck alors vint devant la chambre et demanda que M. Walter fût tenu d’obéir aux ordres du comité. À ces mots, grand scandale sur les bancs tories, et grand éloge de M. Walter, qui faisait respecter en sa personne, contre une odieuse inquisition, les droits inaliénables du citoyen anglais. Mais cette fois encore, sir Robert Peel se mit du côté de l’inquisition, et M. Walter, doucement admonesté, fut tenu de se soumettre. Sir Robert Peel, enfin, prêta secours à l’opposition contre une portion notable de son parti pour faire ajourner, jusqu’à solution de la question des compromis, l’élection de plusieurs villes, entre autres celle de Belfast, bien que le membre accusé fut un M. Tennent, membre de l’administration.

Pour Reading, il fit plus. En Angleterre, pays de traditions, il faut souvent, pour arriver à un but fort simple, prendre un chemin détourné. Ainsi, nul membre du parlement n’a le droit de donner sa démission ; quand on veut se retirer, on demande au gouvernement une vieille place aujourd’hui sans attributions, mais que de vieux statuts déclarent incompatible avec les fonctions de député, celle de steward of the chiltern hundreds. Le gouvernement l’accorde, et il est procédé par suite à une nouvelle élection. Le gouvernement, par le fait, se trouve ainsi armé d’une sorte de veto sur les démissions ; mais ce veto, il n’en use jamais. Dans cette circonstance cependant, lord Chelsea, qui voulait se retirer par suite d’un compromis, ayant adressé sa requête au chancelier de l’échiquier, celui-ci répondit par un refus, motivé sur le scandale des compromis et sur la nécessité de mettre un terme à cette pratique. Le cabinet ainsi se montra conséquent jusqu’au bout.

On a expliqué diversement cette conduite de sir Robert Peel. Il me paraît juste de l’attribuer uniquement au désir qu’il a toujours