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de Birmingham s’est enrôlé parmi les chartistes, et ce M. Sturge, dans la dernière élection de Nottingham, a obtenu 1,718 voix contre M. Walter, 1,799. À la troisième élection d’Ipswich aussi, les candidats wighs s’étant retirés, on a porté M. Thornbury et M. Vincent, le premier radical, le second chartiste connu. Or M. Thornbury a obtenu 548 voix, et M. Vincent 473 ; contre les candidats tories, 651 et 641. Si les chartistes savent se soustraire à l’influence dangereuse de M. Fergus O’Connor, ils pourront donc tenir leur place dans la politique anglaise, et prêter un secours utile aux radicaux. Autrement, ils seront bientôt abandonnés de tout ce qui parmi eux a quelque bon sens et quelque honnêteté. Je ne parle pas des femmes chartistes et des curieuses représentations qu’elles ont données récemment. Il est bien clair en effet que de tels enfantillages nuisent au chartisme plus qu’ils ne le servent, et que les hommes sérieux du parti voudraient pour beaucoup être débarrassés des ridicules alliés qui leur sont survenus. Les femmes chartistes, au reste, ne sont pas les seules qui se lassent de la vie domestique, et qui veuillent monter à leur tour sur le théâtre politique. Ainsi, dans le cours même de la dernière session, un mémoire contre la loi des céréales, revêtu de 255,000 signatures féminines, a été présenté au parlement. Ainsi encore, à Dublin, une association de femmes s’est formée, sous la présidence de mistriss Aston, miss Costello secrétaire, pour concourir à l’encouragement des manufactures irlandaises et au rappel de l’union. Ce qu’il y a de plus singulier, c’est que cette association a reçu, en pleine séance, les éloges empressés d’O’Connell.

Si dans cette analyse de la situation actuelle des partis il y a quelque exactitude, les conséquences en sont faciles à saisir. Dans le parlement, personne n’est en état de résister au cabinet Peel, tant que les ultrà-tories ne se sépareront pas de lui. Il n’est pas probable qu’ils le fassent en ce moment ; s’ils le faisaient, une alliance entre les tories modérés et les whigs ne serait rien moins qu’impossible. En attendant ce jour, les whigs, flottant entre leurs opinions réelles, qui les rapprochent des tories modérés, et leur intérêt de parti qui les pousse vers les radicaux ; les whigs, privés par leur propre faute de la force que leur donnait jadis la politique extérieure, les whigs, irrités contre leurs adversaires et mécontens de leurs alliés, n’auront pas, ne pourront pas tenir une conduite ferme, nette, résolue. Quant aux radicaux, un rôle considérable leur appartient s’ils savent s’en emparer ; mais il faut pour cela que, songeant à l’avenir plus qu’au présent, ils ne tournent pas éternellement dans le