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ÉTUDES ADMINISTRATIVES.

fonctions dont le souvenir ne dépare point les carrières les plus illustres et qu’ont successivement occupées le président et le grand référendaire actuels de la chambre des pairs. On ne doit point prévoir qu’un des premiers postes de l’état appartienne à des hommes qui ne seraient pas dignes d’aller s’asseoir auprès de ces honorables prédécesseurs ; le présent est une garantie pour l’avenir, et il est bon que la perspective de cet attribut, sinon nécessaire, du moins habituel, circonscrive les choix du gouvernement dans le cercle des personnages que leur caractère, leur vie entière et leur situation politique autorisent d’avance à y prétendre.

La préfecture de police a été créée en 1800, à l’époque où un pouvoir réorganisateur plaçait partout l’autorité dans ses conditions de force et de durée ; pour la première fois, l’administration de Paris obéit à une direction simple et vigoureuse. En 1789, disséminée entre le lieutenant-général de police, le prévôt des marchands, les échevins, la chambre des bâtimens, le bureau des finances et même le parlement, elle manquait d’ensemble et d’unité ; la confusion régnait dans son sein ; un partage obscur d’attributions mal définies engendrait des luttes incessantes. En 1790, l’assemblée constituante désarmait le pouvoir ; à Paris, comme sur tous les points du royaume, étaient constituées des autorités multiples et délibérantes, habiles pour le conseil, impropres à l’action. Le 10 août, en préludant à la sanglante usurpation de la commune de Paris, ne fondait qu’une dictature politique. Le directoire communiquait au pouvoir élevé sur les ruines de la commune la faiblesse et l’inconsistance qui le minaient lui-même et devaient promptement amener sa chute. Le consulat seul, ou plutôt l’homme de génie en qui il se personnifiait, reconnut la situation exceptionnelle d’une ville où se décident incessamment les destinées de l’état, la plaça sous l’autorité de deux magistrats nommés par le pouvoir central lui-même, investit l’un de l’administration proprement dite, l’autre de la police ; mais, cédant à des ombrages que les circonstances expliquent autant que ses défiances politiques, il n’avait laissé aux vœux des citoyens qu’une expression factice et infidèle, dans un conseil municipal réduit, nommé comme les préfets et dépourvu d’une véritable autorité. La restauration, dont les partisans ne proclament les maximes de liberté qu’aux époques où ils n’ont point à les appliquer, laissa intacte cette organisation. Le gouvernement de juillet, plus loyal dans son libéralisme, a remis à l’élection le droit de composer le conseil municipal, augmenté le nombre de ses membres et donné entrée à ses