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plaignirent vivement de ce nouvel abus de la force et des représailles auxquelles la France se trouvait entraînée. Ils demandèrent la révocation des ordres du conseil, pour que Napoléon pût révoquer ses décrets. On ne leur répondit que par de nouvelles violences. Un acte de la marine anglaise vint y mettre le comble.

La frégate américaine, la Chesapeake, naviguant dans les eaux des États-Unis, fut rencontrée par le vaisseau de guerre anglais le Léopard. Celui-ci, l’ayant hélée, prétendit rechercher à son bord les matelots déserteurs de la marine anglaise qui pouvaient s’y trouver. Jamais pareil affront n’avait été fait à un bâtiment de guerre. Le droit de visite ne s’était exercé jusqu’alors que sur les bâtimens marchands. Le capitaine de la Chesapeake répondit que ses instructions ne lui permettaient pas de se laisser visiter ; qu’il n’avait point, d’ailleurs, à son bord de déserteurs, les lois de son pays le lui défendant, et qu’on devait s’en rapporter à sa parole. Le capitaine du Léopard insista, offrant de se soumettre, de la part des Américains, à la même visite pour rendre la mesure réciproque. Nouveau refus de la part du capitaine américain. Le Léopard alors, sans autre avertissement, fit feu sur la frégate, qui n’y était point préparée, lui tua trois

    claré dénationalisé, a perdu la garantie de son pavillon et est devenu propriété anglaise.

    « Art. 2. — Soit que lesdits bâtimens, ainsi dénationalisés par les mesures arbitraires du gouvernement anglais, entrent dans nos ports ou dans ceux de nos alliés, soit qu’ils tombent au pouvoir de nos vaisseaux de guerre ou de nos corsaires, ils sont déclarés de bonne et valable prise.

    « Art. 3. — Les îles britanniques sont déclarées en état de blocus sur mer comme sur terre.

    « Tout bâtiment, de quelque nation qu’il soit, quel que soit son chargement, expédié des ports d’Angleterre, ou des colonies anglaises, ou des pays occupés par les troupes anglaises, ou allant en Angleterre, ou dans les colonies anglaises, ou dans des pays occupés par les troupes anglaises, est de bonne prise, comme contrevenant au présent décret ; il sera capturé par nos vaisseaux de guerre ou par nos corsaires, et adjugé au capteur.

    « Art. 4. — Ces mesures, qui ne sont qu’une juste réciprocité pour le système barbare adopté par le gouvernement anglais, qui assimile sa législation à celle d’Alger, cesseront d’avoir leur effet pour toutes les nations qui sauraient obliger le gouvernement anglais à respecter leur pavillon.

    « Elles continueront d’être en vigueur pendant tout le temps que ce gouvernement ne reviendra pas aux principes du droit des gens, qui règle les relations des états civilisés dans l’état de guerre. Les dispositions du présent décret seront abrogées et nulles par le fait dès que le gouvernement anglais sera revenu aux principes du droit des gens, qui sont aussi ceux de la justice et de l’humanité. »