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EXPÉDITION DU CAPITAINE HARRIS.

laissé sous sa hutte le traité par lequel le territoire de Natal était à jamais concédé aux émigrans.

Ce fut alors que le gouvernement anglais songea à faire occuper militairement et en son nom le pays que les Boors avaient conquis au prix de tant de sang versé. Le langage des autorités changea. Cette première proclamation, dictée par une administration inquiète sur le sort des citoyens qu’elle devait protéger, fut suivie d’une seconde, conçue dans des termes plus sévères. Il y était dit qu’un fort serait élevé à Port-Natal même, que défense serait faite d’envoyer aucun secours aux émigrans, et que des peines seraient infligées à quiconque dépasserait la frontière pour se joindre à eux. Voici, en partie, cette déclaration, signée George Napier :

« Je proclame et déclare que le seul objet du gouvernement de sa majesté, dans l’occupation proposée du Port-Natal, est d’empêcher que cet établissement ne soit au pouvoir de l’une ou de l’autre des deux parties belligérantes, et d’assurer ainsi la puissance d’une intervention capable de maintenir la paix dans l’Afrique méridionale ; que, dans ce but, la susdite occupation sera purement militaire, d’une nature temporaire et entièrement distincte de toute colonisation ou adjonction à la couronne, soit comme colonie, soit comme dépendance coloniale : donc le susdit fort sera fermé à tous commerçans autres que ceux munis d’une licence spéciale du gouvernement Et j’autorise l’officier chargé du commandement du susdit fort à empêcher par la force des armes, si besoin en est, l’entrée de tout navire, le débarquement de toute cargaison sur la côte adjacente, à moins que ledit navire ne soit également muni d’une patente spéciale.

« Pour mieux maintenir l’exécution de cet ordre, comme aussi la subordination dans les limites de cette possession militaire, j’autorise l’officier-commandant du fort à chasser des limites sus-mentionnées toute personne regardée comme préjudiciable et dangereuse à la conservation et à la défense de ladite possession, et s’il est nécessaire, de tenir sous sa garde, aussi long-temps qu’il sera jugé convenable, les personnes sus-désignées, et également de saisir et de mettre en lieu de sûreté toute arme et munition de guerre qui, lors de l’occupation, seront trouvées chez les habitans dudit lieu, après toutefois leur en avoir délivré des reçus. »

Tel est en substance le manifeste du gouverneur ; il frappe d’interdit et efface de la carte la colonie rebelle. Le Port-Natal fut occupé sans opposition, les armes et les munitions furent retirées des mains