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LA FLORIDE.

frappans avec l’Italie : il n’y manque, pour compléter la ressemblance, que des montagnes et un volcan. Toutes deux forment une presqu’île à l’extrémité du continent dont elles font partie, et l’île de Cuba semble placée là tout exprès pour représenter la Sicile. Toutes deux sont baignées par un grand golfe et une grande mer dont la brise tempère les ardeurs du soleil : l’une et l’autre ont des marais pestilentiels et des côtes salubres, des lacs nombreux et rians, des fleuves qui prennent naissance sur leur territoire et arrosent des plaines également fertiles. La destinée de ces deux péninsules serait-elle la même, et la Floride réveillera-t-elle un jour en Amérique le goût des beaux arts, si complètement étouffé aujourd’hui par les préoccupations industrielles et commerciales ?

La Floride est une des parties de l’Amérique les plus anciennement connues. Sa découverte a suivi de bien près celle du Nouveau-Monde et précédé celle du Mexique. Cependant les désastres qui suivirent les premières tentatives d’exploration, les difficultés sans nombre qui se multiplièrent sous les pas des malheureux colons dispersés sur ses côtes, rebutèrent long-temps les Européens. Quelques trafiquans, quelques hardis aventuriers osèrent seuls se hasarder au milieu de ses marais et de ses forêts vierges pour acheter aux Indiens ces pelleteries si recherchées par le luxe de nos grandes villes. En 1773, un naturaliste anglais, William Bartram, la visita le premier avec soin. Véritable pionnier de la science, il ne craignit pas de s’aventurer au milieu des contrées les moins explorées et de remonter seul, dans un canot, plusieurs de ses grandes rivières. Le récit de ses voyages est encore aujourd’hui l’ouvrage le plus complet que nous ayons sur la Floride. Depuis cette époque, les relations de commerce avec les Indiens devinrent plus fréquentes, quelques voyageurs marchèrent sur les traces des marchands et publièrent le résultat de leurs observations. Lorsque cette province passa sous le pouvoir des États-Unis, les armes de l’Union pénétrèrent bien avant dans l’intérieur du pays. Enfin, M. de Castelnau vient de passer une année entière dans une de ses divisions dont le nom même était à peine connu en Europe. Son Mémoire sur la Floride du milieu, présenté à l’Académie des sciences, a été l’objet d’un rapport favorable de la part de M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire.

Comme bien d’autres contrées de l’Amérique, la Floride a appartenu tour à tour à chacun des peuples qui, depuis quatre siècles, se disputent les lambeaux du Nouveau-Monde. Dès l’an 1497, un Anglais, Sébastien Cabot, chargé par Henri VII de trouver un passage