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LA FLORIDE.

pleurs. — Maître, me dit-il, je n’ai été vendu que six cents dollars, et Jacques, qui est moins fort que moi, en a rapporté sept cents : je suis déshonoré. — Ma sensibilité se trouva singulièrement calmée, et depuis je vis vendre des milliers de nègres, mais sans avoir pu recouvrer une seconde fois mes idées philantropiques.

« Si, comme principe politique, ajoute M. de Castelnau, l’esclavage me semble blâmable, c’est bien plus par l’immoralité qu’il introduit nécessairement parmi les blancs, que par sympathie pour la race noire… Bien que l’on puisse citer des exemples exceptionnels, cette race est une variété dégénérée de l’espèce humaine, dont l’immoralité est la nature, et chez qui les fonctions animales remplacent toutes les nobles conceptions de l’esprit. »

Nous serons moins sévère que M. de Castelnau. Sans doute la race nègre ou éthiopique est inférieure aux races blanche et rouge : à peine s’élève-t-elle au-dessus des malheureux Alfourous de la Polynésie, ces derniers représentans de notre espèce. C’est là un fait incontestable ; soutenir le contraire, et s’appuyer pour combattre l’esclavage sur une égalité qui n’existe pas, c’est faire beau jeu par cette exagération même aux partisans de l’opinion que l’on attaque. Mais l’immoralité grossière, le dévergondage révoltant qu’on observe dans les colonies chez les individus de cette race, sont peut-être plus imputables à la conduite de leurs maîtres qu’à leur nature propre. Le nègre est une monstruosité intellectuelle, en prenant ici ce mot dans son acception scientifique. Pour la produire, la nature a employé les mêmes moyens que lorsqu’elle enfante ces monstruosités physiques dont nos cabinets renferment de nombreux exemples. Dans ces jeux de la nature, comme les nommaient les anciens, il n’y a pas eu interversion des lois de formation, ni mise en action de forces nouvelles. Non, il a suffi pour atteindre ce résultat, que certaines parties de l’être s’arrêtassent à un certain point de leur évolution, tandis que les autres parcouraient tous les degrés de leur développement normal. De là ces fœtus sans tête ou sans membres, ces enfans qui réalisent la fable du cyclope… Eh bien ! le nègre est un blanc dont le corps acquiert la forme définie de l’espèce, mais dont l’intelligence tout entière s’arrête en chemin. Voyez ce qui se passe aux États-Unis dans ces écoles où les enfans des trois races reçoivent le même enseignement. Jusqu’à l’âge de dix ou douze ans, le jeune nègre se montre l’égal du blanc et du Caraïbe ; mais, à mesure qu’il avance en âge et que son corps devient celui d’un homme, son esprit reste enfant. Il y a dans son intelligence, comme