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LE SALON.

de présence y a déjà fait sentir son influence efficace. Le jeton est en effet un topique admirable ; il est le régulateur souverain de la ponctualité académique. Supprimez le jeton, et il n’y a plus d’académies en France. Une admonition venue d’en haut ajouterait à son effet.

À ces trois conditions : le temps, la révision et la coopération de tous les membres, ce jury, si chargé d’anathèmes, améliorerait notablement sa condition et celle des parties amenées à sa barre. On ne pourrait plus dire du moins qu’il n’évite le reproche d’injustice ou d’ignorance qu’en se réfugiant dans le hasard.

Nous avons déjà touché au troisième point, la détermination du véritable but de l’examen du jury. Il doit se restreindre à l’appréciation du degré d’instruction technique révélé par l’œuvre qu’il a sous les yeux. Les questions de style, de manière, de goût, doivent être écartées. Il ne saurait en tenir compte sans se jeter dans un dédale de difficultés sans issue. Ainsi bornée au strict nécessaire, sa besogne serait moins rude et sa marche plus aisée. Cette distinction est un peu subtile, mais les hommes de l’art en apprécieront la valeur. Du reste, il sera plus facile de leur faire comprendre ce principe que de le leur faire appliquer.

Quant aux conditions à imposer aux artistes, elles se réduisent à une seule, l’obligation de n’envoyer qu’un nombre déterminé de morceaux. Ce nombre pourrait varier, par exemple, de un à trois, suivant les genres. La convenance de cette mesure, qui simplifierait l’examen et désencombrerait le salon, n’est contestée par personne. Voilà ce que l’étude de la question du jury nous permet de désirer, de craindre, de prévoir. La solution est entre les mains de la sagesse royale.

Les artistes doivent attendre avec confiance le résultat de leur démarche auprès de la seule autorité qui ait le droit et le pouvoir de décider. Ils seraient bien mal conseillés s’ils mêlaient à cet acte parfaitement convenable et digne des démonstrations intempestives. On parle cependant d’un projet d’exposition particulière des ouvrages refusés. Dieu veuille que cette idée reste en projet ! Ces sortes de protestations n’ont jamais réussi, et ne réussiront jamais. Qu’attendent-ils d’une exposition de cette nature ? S’imagineraient-ils, par hasard, pouvoir faire concurrence au salon ? La prétention serait folle, et, qui pis est, ridicule. Se flatteraient-ils de faire honte à leurs juges et d’en tirer vengeance par la démonstration publique de leur injustice ? C’est là sans doute ce que veulent les amours-propres blessés ; mais qu’ils se gardent de toute illusion à cet égard. Il se pourrait très bien que,