Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 2.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
176
REVUE DES DEUX MONDES.

Juan Donoso Cortès, don Antonio de los Rios y Rosas, don Ramon Mesonero, don Eugenio Hartzembusch, don Alejandro Mon, don Joaquin Pacheco, don Nicomedes Pastor Diaz. Deux poètes, morts maintenant, Espronceda et Larra, appartenaient à cette génération. Enfin vient la troisième, celle des jeunes gens proprement dits. Ceux-là n’ont pas encore trente ans et n’ont commencé à écrire que depuis quelques années. De ce nombre sont don Enrique Gil, don Pedro Madrazo, don Antonio Garcia Gutierrez, et enfin le plus jeune et Le plus fécond de tous, don Jose Zorrilla.

Pour faire connaître avec quelque détail la littérature espagnole contemporaine, il faudrait passer en revue les œuvres principales de ces différens écrivains. On aurait à examiner successivement les tragédies et les comédies de M. Martinez de la Rosa, son histoire de Herman Perez del Pulgar, son roman d’Isabelle de Solis et son livre nouveau sur l’Esprit du siècle ; l’Histoire du soulèvement et de la révolution d’Espagne, de M. de Toreno ; les Légendes espagnoles, de Mora ; les poèmes, les romances historiques et les drames du duc de Rivas, et particulièrement son beau poème du Moro espósito ; les œuvres politiques et oratoires d’Alcala Galiano ; les cent trente pièces de théâtre, originales, traduites ou imitées, de Breton de los Herreros ; les œuvres dramatiques de Gil y Zarate, et surtout sa comédie d’un An après la noce et son drame de Charles II ; le Panorama de Madrid, suite curieuse de tableaux de mœurs, publiés par don Ramon Mesonero sous le nom d’El curioso parlante ; les compositions théâtrales d’Hartzembusch, et parmi elles son drame estimé des Amans de Téruel ; la collection des admirables pamphlets politiques et littéraires publiés par Larra sous le pseudonyme de Figaro ; les œuvres lyriques d’Espronceda, de Ventura de la Vega, de Enrique Gil, de Pedro Madrazo, de Rocade Togores, et de tant d’autres. Pour cette fois, nous nous bornerons à faire connaître un de ces nombreux enfans poétiques de l’Espagne nouvelle, et nous avons choisi Zorrilla, non parce qu’il est le seul, comme on voit, mais parce qu’il est le plus nouveau venu, et que son talent, si souple, si varié, si divers, est le plus brillant et le plus aimé de ceux de la jeune pléiade.

Zorrilla n’a que vingt-six ans, et il a publié jusqu’ici treize volumes de poésies. Cette extraordinaire fécondité est déjà par elle-même un fait remarquable, elle est l’indication d’une impulsion très active vers les œuvres d’imagination. En général, ce qui distingue la jeune génération de celles qui l’ont précédée, c’est son caractère exclusivement littéraire. Chez Martinez de la Rosa et la plupart de ses con-