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LE SALON.

des cœurs sensibles, et, comme elle est très morale, nous en recommandons la lecture.

Il y a un bon sentiment de couleur dans deux petits tableaux de M. Alexandre Couder (qui n’est pas l’académicien), le Juif et la Servante ; des idées ingénieuses et un joli ton dans les six de M. A. Delacroix, intitulés le Départ pour la pêche, la Fontaine, la Promenade, etc. Ce sont les productions d’un art modeste dont il serait aussi difficile de caractériser le mérite que les défauts, mais qui tiennent rang honorable dans la masse et sur le catalogue des acheteurs.

Je ne sais quel nom il faut donner, dans la vaste nomenclature des genres, à ce petit tableau microscopique, peint on ne sait sur quoi ni avec quoi, qui représente une Courtisane. Nous pensons que cette chinoiserie de M. Patry fera un très bon effet entre les quatre baguettes d’un écran. Du reste, comme travail de miniature et sous le rapport de la difficulté vaincue, ce morceau n’est pas sans valeur. La tête de la courtisane est même d’un goût de dessin assez pur ; mais, malgré tous les mérites de ce phénomène rare et curieux, nous ne voudrions pas assurer que ce fût là le plus beau tableau du salon de l’année 1843.

Mme Lavalard, nom peu connu au salon, mais beaucoup des artistes qui ont vu et admiré ses précieuses copies de tableaux flamands, a exposé, sous le titre de Geneviève la fleuriste, une petite composition qui prouve qu’elle n’a pas oublié les leçons de ses maîtres.

Tout auprès, nous avons revu, avec plaisir et regret tout à la fois, quelques beaux dessins au lavis et à l’aquarelle de M. Révoil, peintre de talent et qui fit école, mort il y a peu de mois. Le plus grand et le plus intéressant pour le sujet représente une pêche faite en présence de François Ier.

M. Guillemin et M. Gros-Claude se partagent le domaine de la bouffonnerie pendant les congés de M. Biard, qui ne fait plus que des combats de mer, des aurores boréales et des ours blancs. Le premier est un plaisant assez froid, il est vrai, mais qui a un certain talent d’observation et quelques qualités d’art. L’art, le goût, la raison, défendent de parler du second.

Qu’est-ce que Sultan chien de chasse ? C’est un beau chien braque, je crois, entouré de tous les attributs de sa profession. La tête est vivante. Une grande vérité d’imitation, une bonne couleur, recommandent cette peinture d’un artiste dont le nom ne nous était pas encore parvenu (M. L. Appert), à moins qu’il ne fût l’auteur d’une