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ment, il céda ses droits à la compagnie du nord-ouest pour une faible somme, car, dans l’intervalle qui s’était écoulé depuis la restitution, un incendie avait détruit Astoria. Les Américains disent que cet incendie fut allumé par les Indiens à l’instigation des Anglais. Ainsi la compagnie du nord-ouest demeura maîtresse sur les deux rives de la Columbia, et, grace à l’insouciance inexcusable du gouvernement des États-Unis, non-seulement elle ne restitua pas les postes créés dans l’intérieur du pays par les agens de M. Astor, comme cela découlait du traité, mais encore elle conserva un petit fort sur les bords de la mer, à peu de distance des ruines d’Astoria, et forma un établissement considérable, le fort Vancouver, sur la rive nord de la Columbia, à trente lieues environ au-dessus de son embouchure, dans une position importante.

Malheureusement pour la compagnie du nord-ouest, de si grands succès avaient réveillé la compagnie de la baie d’Hudson de sa longue inertie. Ne lui cédant dès-lors ni en ressources ni en activité, cette dernière lui fit désormais une concurrence dangereuse, et prétendit reprendre le monopole qui lui avait été autrefois concédé. Pendant plusieurs années, on vit les deux compagnies rivales se disputer l’empire de ces solitudes, et bien souvent elles en vinrent aux mains. Une telle lutte pouvait compromettre l’importance de ces nouvelles acquisitions de l’Angleterre. Le gouvernement le comprit, et en 1821 un acte du parlement réunit les deux compagnies en une seule, sous le titre de compagnie de fourrures de la baie d’Hudson, lui accorda le monopole de tout le commerce, dans les termes de la concession faite par Charles II, lui attribuant de plus la juridiction civile sur tout le pays occupé par elle.

Aujourd’hui cette compagnie a couvert le territoire de l’Oregon de comptoirs et de postes militaires, qui servent d’entrepôts et de lieux de ralliement aux Indiens et à ses agens. Le centre de l’administration est placé dans le fort Vancouver. Malgré le nom pompeux de fort, ce n’est à vrai dire qu’un carré long de 750 pieds sur 450 de large, entouré d’une palissade et d’un fossé, et dans l’intérieur duquel se trouvent les habitations des agens principaux de la compagnie et des ouvriers européens, au nombre de trente environ, attachés à l’établissement. À peu de distance sont situées les cabanes des cultivateurs de la ferme attenante au fort, qui n’a pas plus de 3,000 acres de bonne terre, et qui occupe environ 100 travailleurs, Canadiens et Iroquois. À six milles au-dessus du fort, on a établi une scierie desservie par une trentaine d’ouvriers, la plupart naturels des