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LE TERRITOIRE DE L’OREGON.

autre appelé port Cox, situé à seize lieues du premier vers le sud. » Il est évident par cette pièce que la cour de Madrid ne soupçonnait pas que l’on pût seulement mettre en doute l’intégrité de son droit de domination absolue, et qu’elle excluait jusqu’à la présomption que la Grande-Bretagne pût réclamer autre chose que les petites portions de territoire achetées par Meares aux Indiens et les cabanes qu’il y avait fait élever.

Les débats du parlement sur cette convention prouvent, ajoutait M. Galatin, que les Anglais l’entendaient dans le même sens que la Cour de Madrid. Dans cette question, whigs et tories, M. Fox et M. Pitt, parlèrent le même langage, et tous déclarèrent unanimement que l’Angleterre n’avait rien acquis par cette convention, qui ne contenait que la reconnaissance du droit de pêcher et de faire le commerce dans la mer Pacifique, qu’on lui contestait, avec cette différence, que les adversaires du cabinet soutenaient que cette convention n’était ni honorable ni avantageuse aux intérêts de la Grande-Bretagne. « Depuis le commencement de cette discusssion, disait M. Fox, je n’entends que des rodomontades sur ce que nous avons acquis ; on ne nous entretient que de nouvelles branches de commerce, de nouvelles entreprises, de nouveaux océans et de nouveaux continens ouverts à l’activité de nos spéculateurs et au courage de nos marins. De telles fleurs de rhétorique sont assurément de très belles choses, également propres à donner de la force aux argumens et à en déguiser la faiblesse ; mais est-il vrai que cette convention nous ait ouvert des sources nouvelles de prospérité, ou que nous ayons fait la moindre acquisition ? Un honorable préopinant a posé la question précisément. Comme elle doit l’être ; il a prouvé que nous n’avons rien acquis, mais seulement obtenu des garanties pour ce que nous possédions déjà. Voilà tout ce que nous avons gagné… Quelle était l’étendue de nos droits avant la convention, et jusqu’à quel point nous sont-ils assurés aujourd’hui ? Nous possédions la libre navigation de l’océan Pacifique, sans restrictions et sans bornes ; nous avions le droit illimité de faire le commerce et de pêcher dans ces mers. L’admission d’une partie de ce droit est tout ce que nous avons obtenu. Il reste à savoir ce que cela nous a coûté. Nous avions auparavant le droit de nous établir partout sur la côte nord-ouest de l’Amérique, dans tous les points qui n’étaient pas déjà occupés ; maintenant, nous sommes forcés de nous borner à certaines places, et encore avec bien des restrictions. Notre droit de former des établissemens n’était pas comme maintenant le droit d’élever seule-