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verbes, et nous a donné sous le titre de Klechdes un excellent recueil de nos contes populaires.

« Ce que nous avons de plus remarquable dans nos publications actuelles, ce sont nos travaux historiques. M. A. W. Macieiowski s’est acquis une juste réputation par son Histoire de la législation des Slaves. M. Balinski, écrivain habile, érudit, laborieux, à qui l’on devait déjà une très bonne histoire de Wilna, un grand nombre d’articles littéraires, scientifiques, insérés dans divers journaux, vient de publier, sous le titre de Mémoires sur la reine Barbe Radziwill, épouse du roi Sigismond-Auguste, un ouvrage d’un grand intérêt ; il a étudié son sujet avec un soin minutieux et retracé avec une admirable fidélité tout cet épisode dramatique du dernier des Jagellons. On attend de lui encore un ouvrage en quatre volumes, qui renferment, entre autres études historiques, des biographies d’André Wolan, champion ardent des calvinistes polonais au XVIe siècle, et de Jean Potocki, célèbre par ses recherches érudites sur l’origine des Slaves. C’est M. Balinski qui a donné aussi une édition des œuvres des deux frères Sniadecki, l’un astronome, l’autre philosophe, et rédigé la biographie de ces deux illustres savans polonais. Ajoutons encore à cette nomenclature, que je n’ose accompagner de plus de détails, un travail remarquable de M. A. Tyszynski sur la législation slave.

« Plusieurs femmes se distinguent aussi à Varsovie par leur instruction, leur amour des lettres et leurs écrits. Mme Krakow publie chaque année un album littéraire et poétique, composé tout entier par des femmes ; elle-même y a inséré des nouvelles spirituelles et gracieuses, que l’on recherche avec empressement. Mme Lewocka a écrit aussi quelques contes charmans, et un livre de lecture pour les gens du peuple. Au-dessus de tous ces auteurs aimables, nous plaçons, avec un juste sentiment d’orgueil national et de sympathie, le nom de Mme Ziemencka, jeune femme charmante, qui s’arrache aux succès qu’elle obtiendrait dans les salons, par sa beauté et son esprit, pour se livrer en silence à des études sérieuses ; dévouée pendant très long-temps à la philosophie de Hegel, elle a renoncé enfin à ces dogmes trop froids et trop arides pour sa jeune et vive imagination, et s’est consacrée à l’étude d’une philosophie religieuse. Elle publie elle-même, chaque mois, un recueil intitulé le Pélerin, dans lequel elle développe avec un rare talent de logique et une profonde sensibilité les enseignemens du christianisme.

« Nous ne terminerons pas cette courte notice sans rappeler qu’au fond du palatinat de Lublin vit encore le dernier barde polonais, d’une époque glorieuse qui n’est plus, le Nestor des poètes actuels, M. le castellan Kozmian, auteur d’une production très aimée dans notre pays, intitulée les Géorgiques polonaises. Il achève dans sa vieillesse et se prépare à publier un grand poème national auquel il a travaillé pendant de longues années, et qui doit avoir pour titre Étienne Czarnincki. »

J’ai cité sans y ajouter une seule observation critique les éloges que l’auteur de cette lettre accorde aux travaux de ses compatriotes. Peut-être quelques-un de ces éloges sont-ils exagérés, mais ils ont été dictés par un pieux