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nord-est ait quelque droit à faire accepter ses produits à un taux supérieur à celui de l’étranger, taux qu’à la vérité la concurrence intérieure réduira, mais qui, en attendant, est le prix du concours des diverses régions dans une nationalité commune.

L’Angleterre, pour être libre dans ses luttes maritimes, cherche à naturaliser dans l’Inde la culture du coton américain. Ses premiers essais n’ont pas réussi ; mais, si elle parvient à vaincre les causes qui les ont fait échouer, elle développera dans les contrées dont elle est souveraine cette culture importante, comme elle l’a fait pour celle de l’indigo, ravi au Mexique, à Guatimala, à Saint-Domingue, à la Louisiane, à la Caroline et à l’île Maurice, pour se concentrer au Bengale et dans les provinces voisines. Si le coton est transplanté, les États-Unis perdent une grande partie de leurs moyens d’échange, et c’est pour eux une bonne politique que de favoriser à l’avance la consommation intérieure qui tend chaque jour à s’accroître.

Des autres cultures américaines, le tabac et le riz seront toujours des articles d’exportation des États-Unis : ce sont des produits exceptionnels auxquels tous les peuples ont recours ; mais les céréales, les farines, les animaux domestiques, les bois, les merrains, sont repoussés ou surtaxés dans la Grande-Bretagne et presque partout en Europe. Un débouché naturel pourrait se trouver dans les possessions anglaises des mers d’Amérique et d’Afrique ; mais, comme le démontre un rapport au congrès du 14 avril 1842, les entraves pour la navigation américaine y sont multipliées à tel point, qu’elles équivalent à une répulsion, et que le principe de concession réciproque en est entièrement détruit. Les griefs nombreux des deux côtés forment à eux seuls une longue et intéressante histoire.

Le chiffre officiel des importations et des exportations a quelquefois besoin d’être rectifié par le calcul des circonstances particulières qui accompagnent le mouvement commercial ; mais la part des erreurs est faible aux États-Unis, où les prix du commerce servent de base aux évaluations, et où le tableau comprend même les métaux précieux qui servent de mesure aux autres valeurs. On peut déduire, de l’excédant des importations sur les exportations, que l’Amérique n’a soutenu la disproportion du numéraire circulant avec les besoins des échanges que par un système vicieux de banques intérieures et de circulation. Cependant l’émission immodérée du papier ne peut plus se reproduire, et la valeur des marchandises importées doit arriver à une égalisation rapprochée avec celle des produits donnés en échange. Les frets de transport gagnés pour les