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RÉPONSE À M. L’ARCHEVÊQUE DE PARIS.

la manie d’indépendance qui tourmente l’homme moderne. Les plus décidés à nous blâmer avaient cru reconnaître les conséquences de doctrines acceptées et suivies jusqu’au bout. On nous avait accusés de naturalisme, d’éclectisme, de panthéisme, d’athéisme ; restait à trouver la raison générale de ces doctrines ; il faut que la discussion arrive aux mains de M. l’archevêque, pour que le principe théologique de ces erreurs soit découvert. C’est pour le manifester que M. l’archevêque se décide à rompre un silence que, sans cela, les catholiques du diocèse de Paris pourraient regarder comme une prévarication et tout bien considéré, le chapitre interrogé, ce principe est l’envie excitée par les succès de MM. les prédicateurs. Si nous nous sommes abandonnés au naturalisme des universités allemandes, si nous avons résisté à la violence, pure envie ! si nous n’avons pas reculé devant le sujet que la suite naturelle des temps nous imposait ; si, pour tout cela, nous nous sommes renfermés dans le XVIe siècle, encore une fois, pure envie des succès littéraires de l’avent et du carême ! Mais ces succès honorables ne datent pas d’hier, de cet hiver, de cette année. On conviendra que c’est un miracle que des hommes capables de nourrir cette basse jalousie depuis si long-temps aient attendu jusqu’à ce jour l’occasion de la montrer.

Si vous vous êtes crus calomniés, ce que nous n’avons pas à examiner ici… Et où donc, de grace, l’examinerez-vous, monseigneur, si ce n’est dans le moment même où la calomnie siffle autour de vous et se glisse à votre insu sous votre plume ? Où l’examinerez-vous, si ce n’est dans le moment où votre intervention doit être pour nous, selon vos propres termes, une garantie d’impartialité ? Est-ce donc une chose de si peu d’importance que de savoir si des hommes dont vous vous faites le juge, ont été oui ou non calomniés ? Et non content de laisser subsister la calomnie quand elle vient d’autrui, cette imputation d’altérer la vérité par l’effet de tristes jalousies est-elle donc aussi une chose si légère de la part du premier prélat du royaume, qu’elle ne vaille pas non plus la peine d’être examinée avant d’être portée devant tout votre diocèse ?

Vous nous promettez une discussion calme et polie, vous ne nous devez rien que la vérité nue ; mais, mais quand vous nous accusez directement de diviniser les mauvais penchans de la nature humaine, daignez considérer que, par cette inculpation solennelle, la plus grave assurément que l’on puisse élever contre des hommes, vous nous donnez le droit de vous demander sur quoi elle est fondée. Profiter de la confiance publique et de la liberté de la parole pour