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REVUE. — CHRONIQUE.

choses, avec beaucoup d’autres, sont enjointes aux Italiens au beau milieu du XIXe siècle. D’un autre côté, un évêque in partibus, pour je ne sais quelle colonie hollandaise, était sur le point d’être consacré dans une église catholique à Amsterdam. Là-dessus grande rumeur des protestans néerlandais. Apparemment que la réforme se trouvait en péril, si quelques ecclésiastiques catholiques officiaient avec quelque pompe dans l’intérieur de leur église ! Quelles misères ! Et il a fallu que, pour ne pas irriter le clergé protestant, le roi des Pays-Bas ordonnât à l’évêque de se faire consacrer dans un petit village à quelques lieues d’Amsterdam. Les hommes de toutes les communions s’efforceront donc toujours de rabaisser la religion et de la mêler à leurs préjugés et à leurs passions, au lieu de nous la montrer dans toute sa pureté, dans toute sa grandeur, dans toute sa majesté !

La diète suisse continue ses séances ; la question des couvens d’Argovie avait été mise de nouveau en discussion. On n’avait pas encore pu obtenir une majorité. On pensait que, si le canton d’Argovie accordait comme transaction le rétablissement d’un des couvens supprimés, une majorité se serait formée qui aurait sanctionné la suppression de tous les autres. Ce qui est certain, c’est que l’honneur de la confédération et le respect qu’elle se doit à elle-même lui commandent de mettre enfin un terme à cette déplorable contestation. Une mauvaise décision vaudrait encore mieux qu’un état prolongé d’incertitude et de tiraillement qui fait dire généralement que les Suisses ne sont plus en état de se gouverner.

On parle, depuis quelques jours, de l’arrivée en France de la reine d’Angleterre. On doit regretter que ce projet inattendu, et auquel les deux pays ne peuvent qu’applaudir, ait donné lieu à une polémique. Il n’y a là, ce nous semble, ni dignité ni à-propos ; il est trop aisé de comprendre, pour peu qu’on se rappelle les formes des deux gouvernemens, que la politique ne peut jouer aucun rôle dans l’entrevue dont on parle. Si la reine Victoria touche le sol français, elle trouvera partout de respectueuses sympathies et l’accueil qui est dû à la reine d’un peuple ami. La France n’a jamais démenti sa vieille renommée d’exquise politesse et de noble courtoisie. Les princes aussi sont de leur temps. Comme celles des peuples, leurs relations deviendront graduellement plus faciles et plus simples. Leurs entrevues ne seront pas des congrès, mais il n’est pas moins vrai que l’amitié entre les rois contribuera à la bonne intelligence entre les nations. On dit que la reine doit arriver demain à Eu, et il faut espérer qu’elle ne quittera pas la France avant d’en avoir visité la capitale.

Les bruits sur les mouvemens qui se préparent dans notre diplomatie se sont modifiés ces jours-ci. On dit aujourd’hui que l’ambassade de Madrid, si le moment arrive de la remplir, sera confiée à M. de Bourqueney, que M. de Montebello aura l’ambassade de Constantinople, et que M. de Salvandy acceptera le poste de Naples, qui est aussi une grande ambassade, et une ambassade de famille. Ne prenons cependant pas ces bruits pour des nouvelles