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On citait comme un phénomène purement local les souffrances des tisserands de Spitalfields et de Bethnal-Green, et c’était dans ces quartiers d’exception que la pauvreté métropolitaine se concentrait.

La métropole britannique descend rapidement de ce piédestal où la fortune l’avait placée. Une succession d’années calamiteuses a porté la gêne dans les familles ; le commerce a vu se fermer une partie de ses débouchés, et les ouvriers, qu’il a cessé d’employer ou qu’il emploie plus rarement, tombent à la charge des paroisses. À mesure que le mouvement commercial diminuait, cette population dont le flot monte toujours, cherchant à se créer de nouvelles ressources, Londres est devenue insensiblement une ville de fabrique comme Paris ; ce qui l’a exposée aux mêmes vicissitudes que Birmingham, Manchester et Glasgow. Ajoutons que les faubourgs de Londres, à force de s’étendre, ont fini par rencontrer et par renfermer dans leur enceinte une race à moitié urbaine, à moitié agricole, dont les moyens d’existence sont problématiques, et qui donne souvent un pauvre par quatre habitans.

En ce moment, les maisons de charité de la capitale ne renferment pas moins de trente mille pauvres, qui sont presque exclusivement des vieillards et des enfans. Plus de cent mille indigens sont en outre secourus à domicile. Les sommes dépensées annuellement par les paroisses ne vont pas à moins de 10 à 12 millions de francs. Dans la partie de Londres qui dépend du comté de Middlesex, le nombre des indigens soulagés par la charité publique, qui n’était que de 49,814 en 1840, s’est élevé à 73,815 en 1841. De 1841 à 1842, le paupérisme a fait des progrès encore plus alarmans ; dans la seule paroisse de Mary-le-Bone, ce riant quartier qui forme les avenues du Parc du Régent, le nombre des mendians s’est accru de 2,621 à 5,396. Tout récemment les gardiens de la paroisse ont offert deux guinées par tête pour la capture de 17 pères de famille qui avaient abandonné leurs femmes et leurs enfans, délit prévu par les lois. L’union de la Cité a vu la taxe des pauvres augmenter de 15 pour 100 en trois années, et a dépensé près de 1,500,000 francs en 1842 pour l’entretien de 6,125 indigens. Enfin, tandis que le nombre des pauvres secourus en Angleterre, qui était, par rapport à la population, de 8 6/10 sur 100 en 1840, s’est élevé à 9 4/10 sur 100 en 1841, la proportion, qui n’était que de 7 1/6 sur 100 à Londres, est montée l’année suivante à près de 11 sur 100. À paris, le rapport moyen du nombre des pauvres à la population est celui de 8 à 100. En faisant un compte séparé de la dépense des hôpitaux,