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ATHÈNES ET LA RÉVOLUTION GRECQUE.

l’aristocratie athénienne, abandonnant la ville, vont chercher un peu d’air au Pirée ou dans les campagnes environnantes. Les villas voisines d’Athènes sont en général petites, peu ombragées et peu remarquables. Il faut pourtant excepter le superbe château qu’une de nos compatriotes a fait construire, il y a peu d’années, au pied du Pentélique. Mme de P***, qui garde dans son cœur, ardent comme aux premiers jours, le feu sacré des philhellènes, a adopté la Grèce comme une nouvelle patrie, et s’est imposé une sainte, mais difficile mission en cherchant à régénérer les arts dans l’Attique. Elle a pu prêter à ce courageux dessein l’appui d’un beau titre et d’une grande fortune. Des écoles gratuites ont été instituées par ses soins. Enfin elle a attiré à Athènes de jeunes artistes français qui tentent, sans beaucoup de succès, nous a-t-elle dit, d’enseigner aux enfans athéniens ce que nous ont appris leurs pères.

Les environs d’Athènes sont peu sains ; en général le climat de la Grèce est perfide : la malaria y sévit pendant l’été, surtout dans les endroits humides où croît le laurier-rose. Cette plante, dont le nom résonne si bien à la fin d’un vers, est un indice presque certain de l’insalubrité du champ qui la produit. Les habitans du pays échappent plus facilement à l’intempérie ; les étrangers en sont trop souvent victimes. Le voyageur doit s’entourer des plus minutieuses précautions, se prémunir contre les moindres variations de température, éviter de coucher sur la terre, et s’astreindre à un régime sévère. L’abus du vin, des fruits, des légumes aqueux, cause des dyssenteries terribles. Le moindre refroidissement (et il est difficile de s’en garantir dans un pays où le soleil est brûlant et le vent glacial) est assez ordinairement suivi d’une fièvre toujours dangereuse, quelquefois mortelle. Si l’on se sent atteint, le meilleur remède est de partir à l’instant. Qu’on aille à Constantinople ou en Italie, peu importe ; mais à tout prix il faut quitter la Grèce. Le changement de climat est beaucoup plus efficace que le quinine ; quelquefois même l’air natal est un spécifique souverain ; dans d’autres cas, le mal résiste à tous les remèdes. On sait combien de nos soldats ont péri misérablement en Morée ; plusieurs officiers ont rapporté de cette expédition des fièvres dont ils se ressentent encore en France après quinze ans.

On voit quels avantages il y aurait eu à transporter sur les bords de la mer la nouvelle capitale des Hellènes. Tout devait y gagner, le développement, la beauté de la ville, le commerce, la salubrité publique et l’art lui-même, car les ruines du siècle de Périclès seraient