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compose aujourd’hui d’environ neuf mille soldats. On parle d’établir une sorte de landwehr au moyen de laquelle on pourrait en quelques jours faire une levée de cent mille hommes. — Une gendarmerie nombreuse et bien organisée a rétabli la sécurité dans le pays. Les vols à main armée, autrefois nombreux, sont maintenant fort rares.

En Grèce, on ne pouvait pas tout-à-fait oublier les arts. Une société archéologique a ordonné des fouilles qui ont produit quelques précieux débris. — Un travail très complet, publié ici même[1], ne nous laisse rien à dire des améliorations apportées récemment dans l’instruction publique.

Pour terminer cet aperçu trop rapide de la situation actuelle de la Grèce, il nous suffira d’emprunter quelques chiffres au tableau des recettes et dépenses de l’état pour l’année 1843, présenté, le 31 janvier, par le ministre des finances, M. Rhallis[2]. La recette, pour 1843, est estimée à 17,198,115 drachmes ; la dépense, à 18,666,482. Il y a donc encore cette année un déficit de 1 million 468,367 drachmes ; mais le déficit était de 10 millions en 1834, de 7 millions et demi en 1837, de 2 millions 900,000 drachmes en 1842.

Ce tableau, qui semblerait prouver que le malaise des finances a diminué, a rencontré, il faut le dire, beaucoup d’incrédules ; dans tous les cas, le progrès des affaires commerciales est évident. Mais, au gré des Hellènes, il n’a pas été assez rapide : ils ont oublié le bien qu’avait fait le gouvernement en songeant à celui qu’il aurait pu faire. Ces améliorations, ils croient en être redevables bien plus à eux-mêmes qu’à l’administration, qu’ils ont toujours accusée de n’avoir qu’une force négative et qui, disent-ils, a paralysé leurs efforts plus souvent qu’elle ne les a secondés. En dix années, combien la Grèce aurait dû marcher ! et qu’elle a fait peu de pas depuis le départ de M. Maürer ! Tout en rendant justice à l’activité du roi, on voyait que rien ne résultait du travail opiniâtre auquel il s’était condamné. Les Grecs ne doutaient pas qu’il ne voulût la prospérité du pays, et ils savaient que si, pour bien faire, quelque chose lui manquait, ce n’était pas le bon vouloir. Mais tout languissait. Plusieurs officiers bavarois entouraient encore le jeune monarque ; ils avaient hérité de toute la haine que l’on portait à leurs devan-

  1. Voyez le travail de M. Ampère sur l’Instruction publique en Grèce dans la livraison du 1er avril 1843.
  2. Nous nous bornons à citer les chiffres de M. Rhallis, sans en garantir l’exactitude. Dans le Moniteur du 4 mai, on n’estime les recettes qu’à 15,669,795 drachmes, on conserve pour les dépenses le chiffre de M. Rhallis.