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LA VIE ET LES ÉCRITS DE VANINI.

dernes imitateurs. Il résout les difficultés que Cicéron élève sur la conciliation de la liberté de l’homme avec la divine Providence. Il défend la Providence et l’immortalité de l’ame attaquées par les épicuriens. Outre la Providence générale admise par Aristote et par les averroïstes, il établit la doctrine d’une Providence spéciale qui veille sur chaque chose et sur chacun de nous. Enfin, après avoir réfuté plusieurs opinions des stoïciens, il termine par un acte d’entière soumission au chef de l’église et par un hymne à la Divinité.

L’Amphithéâtre devait avoir une seconde partie, où Vanini promet de répondre à d’autres objections ; elle n’a jamais paru.

Tel est, fidèlement et loyalement retracé, le plan du premier ouvrage de Vanini. Maintenant comment l’a-t-il rempli ? Est-il aussi pur, aussi irréprochable dans l’exécution que dans la conception ? Ici encore abstenons-nous de toute hypothèse, et renfermons-nous dans le texte même de l’Amphithéâtre.

Aristote, au commencement du chapitre VI du XIIme livre de la Métaphysique, admet deux preuves de l’existence de Dieu : l’une qu’il effleure à peine, l’autre qu’il expose avec quelque étendue et qu’il reprend et développe dans le premier livre de la Physique. Cette dernière preuve est la preuve célèbre par le mouvement. « D’où viendra le mouvement, s’il n’y a pas un principe essentiellement actif ? En effet, ce n’est pas la matière qui se mettra elle-même en mouvement, etc.[1]. » Cette preuve excellente, et que les meilleurs génies ont adoptée, Vanini la rejette par des raisons subtiles et quintessenciées, et il s’attache à l’autre argument d’Aristote, à savoir que des êtres finis et contingens supposent un être infini et éternel. « Tout être, dit Vanini, est fini ou infini, temporaire ou éternel ; s’il est dans le temps, il a donc commencé d’être ; il n’a donc pu se produire lui-même, autrement il aurait été avant d’être. Puis donc que nous voyons des êtres commencer, il faut accorder qu’il y a un être éternel d’où ils tirent leur origine ; car s’il n’y avait point d’être éternel, il n’y aurait que des êtres qui auraient commencé, c’est-à-dire que rien n’existerait, ce qui est impossible. Il est donc impossible qu’il n’y ait pas un être éternel. » Vanini résume l’argument dans ce syllogisme : « D’après ce qui a été dit, toute existence d’un être qui commence suppose un être éternel ; or, il y a des êtres qui commencent. Donc et nécessairement, il y a un être éternel ; c’est cet

  1. Voyez, à la page 92 et suiv. notre Rapport sur la Métaphysique d’Aristote. Seconde édition.