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LA VIE ET LES ÉCRITS DE VANINI.

hymne à sa gloire, et cet hymne est tout son système avec ses mérites et ses imperfections. Le Dieu que Vanini célèbre est le Dieu de l’univers bien plus que celui de l’ame ; aussi sa poésie, fidèle image de sa philosophie a-t-elle souvent de la force, quelquefois de l’éclat, mais aucun charme.

« Animée[1] du souffle divin, ma volonté emporte mon esprit : il va tenter une route inconnue sur les ailes de Dédale.

« Il entreprend de mesurer l’ineffable Divinité qui n’a ni commencement ni fin, et de la renfermer dans le cercle étroit de quelques vers.

« Origine et fin de toutes choses, origine, source et principe de lui-même, Dieu est son but et sa fin, sans avoir ni principe ni fin.

« En repos et tout entier partout, dans tous les temps et en tout lieu, distribué dans toutes les parties, et demeurant toujours et partout indivisible ;

« Il est en chaque endroit sans être contenu dans aucun, ni enchaîné dans aucunes limites ; répandu tout entier dans l’espace entier, il y circule librement.

« Son vouloir est la toute-puissance, son action une volonté invariable ; il est grand sans quantité, bon sans qualité.

« Ce qu’il dit, il l’accomplit en même temps ; on ne sait qui précède de la parole ou de l’œuvre ; dès qu’il a parlé, voici qu’à sa voix tout l’univers a pris naissance.

« Il voit tout, il pénètre tout ; un en lui-même[2], seul il est tout, et dans son éternité il prévoit ce qui est, ce qui fut, ce qui sera.

« Toujours tout entier, il remplit tout son être, sans cesser d’être le même ; il soutient, meut et embrasse l’univers, et le gouverne d’un mouvement de son sourcil.

« Oh ! je t’invoque ! jette enfin sur moi un regard de bonté ! Unis-moi à toi par un nœud de diamant, car c’est la seule et unique chose qui puisse rendre heureux.

« Quiconque s’est uni à toi et s’attache à toi seul, celui-là possède tout ; il te possède, source inépuisable de richesses, et à qui rien ne manque.

« Partout nécessaire, nulle part tu ne fais défaut, et de toi-même tu donnes tout à toutes choses ; tu te donnes toi-même, toi en qui toutes choses doivent trouver tout.

« Tu es la force de ceux qui travaillent, tu es le port ouvert aux naufragés[3]

« Tu es à nos cœurs le souverain repos et la paix profonde ; tu es la mesure et le mode des choses, l’espèce et la forme que nous aimons.

  1. Amphit., p. 334-336.
  2. Sens douteux, texte obscur.
  3. Je n’ai pas traduit, faute de les entendre, les deux derniers vers de cette strophe.