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plus sérieuse, et le radicalisme, dans la personne de M. Hume, l’opposition whig, représentée par M. Macaulay, lord John Russell et lord Palmerston, la haute église enfin, ayant pour organe M. Plumptree, firent en commun un effort considérable ; mais lord Stanley et sir Robert Peel, sans défendre la lettre de la proclamation, rallièrent plus facilement qu’on ne l’aurait pensé presque toute l’armée ministérielle. En définitive, la motion eut à la chambre des lords 25 contre 83, à la chambre des communes, 157 contre 242. Ainsi finit la première campagne de lord Palmerston.

Il y avait bien moins de parti à tirer de l’affaire de Chine, qui venait de se terminer heureusement et glorieusement. Tout au plus pouvait-on débattre à ce sujet quelques questions personnelles, par exemple celle de savoir à qui revenait l’honneur du dénouement. — C’est à nous, disaient les whigs, qui avons déclaré la guerre à la Chine, et, par la querelle si habilement inventée de l’opium, préparé le résultat actuel. C’est à nous, répondaient les tories, qui par notre prévoyance, par notre fermeté, avons réparé les fautes de nos prédécesseurs. — À part ce petit débat intérieur, tout le monde reconnaissait que la paix récemment conclue avec le céleste empire était aussi honorable qu’avantageuse, si toutefois l’empereur ne refusait pas de la ratifier. On sait que depuis cette ratification est venue, et que l’empire chinois, si long-temps fermé à l’Europe, va maintenant lui être ouvert par plusieurs points importans. Le génie même de lord Palmerston ne pouvait trouver là un sujet passable de querelle.

L’affaire du traité américain présentait, il faut en convenir, bien plus de difficultés. Sans compter les différends passagers de la Caroline et de la Créole, il y avait entre les deux pays trois grandes questions à régler, celle des limites du Canada, celle de l’Oregon, celle du droit de visite et de recherche ; de ces trois questions, la première seule était résolue, la seconde restait tout-à-fait indécise, et la troisième recevait une solution incomplète. Un mot sur chacune d’elles fera mieux comprendre en quoi consistaient les espérances des whigs.

C’est en 1783, au moment même où fut reconnue l’indépendance de l’Amérique, qu’un traité fixa les limites des deux pays ; mais en Angleterre surtout, on n’avait qu’une idée assez confuse des contrées à peu près désertes qui se trouvaient aux confins des deux états, et la ligne mentionnée dans le traité fut si indécise, que depuis cette époque jusqu’au temps actuel, elle n’avait cessé d’être entre les deux nations un sujet de querelles. Il y a quelques années pourtant on convint de prendre le roi des Pays-Bas pour arbitre ; mais, tout exa-