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LE ROYAUME-UNI ET LE MINISTÈRE PEEL.

Nous nous sommes vainement adressés à la législature pour obtenir justice. Nos plaintes ne sont pas écoutées, nos remontrances sont vaines. Nous nous adressons maintenant à ce tribunal plus élevé de l’opinion publique, qui crée et renverse les parlemens et les ministères, et nous le supplions de venir à nôtre secours.

« Nous demandons au nom de notre pays l’adoption de mesures calculées pour l’amélioration de la condition des classes ouvrières et pour le développement de la richesse de l’Irlande. Nous demandons une égalité complète, en ce qui concerne l’église et l’instruction publique, entre les diverses communautés religieuses qui se partagent l’Irlande. Nous demandons une représentation plus large dans la législature. Nous demandons des franchises qui conduisent à l’expression vraie et complète de l’opinion publique. Nous demandons l’assimilation des libertés municipales dans les deux royaumes. Nous demandons que l’Irlande participe plus largement au bénéfice des dépenses publiques. Nous demandons, en ce qui concerne l’administration, que la profession de la foi catholique ne soit plus un motif d’exclusion virtuelle, comme elle a cessé d’en être un d’exclusion légale. Nous demandons que, dans l’administration générale des affaires, les Irlandais aient une part proportionnée à la part que prend l’Irlande à la grandeur de l’empire. Nous demandons que le soin de nos intérêts locaux soit, autant que possible, confié à ceux qui sont identifiés avec eux. Refusant enfin de reconnaître en vous aucun titre supérieur à l’exercice des droits politiques, nous demandons égalité parfaite, comme la seule base légitime sur laquelle l’union puisse s’appuyer solidement. Tant que l’Irlande ne l’aura pas obtenue, rien ne la fera renoncer à la lutte qu’elle soutient contre l’injustice et le mauvais gouvernement. »

Qu’on lise tous les discours, toutes les adresses d’O’Connell aux Irlandais, et, sous des formes plus vives, on y trouvera les mêmes plaintes. Voyons maintenant ce qu’en pensent les radicaux, les whigs et les tories.

Pour les radicaux, point de difficulté. Ce que demandent les trente membres irlandais, ils l’accorderaient volontiers, si du moins on en juge par leur langage. Ainsi c’est M. Charles Buller, radical modéré, qui déclare que depuis deux siècles le gouvernement anglais en Irlande a été le scandale de l’Europe, et que l’église établie est un outrage au peuple et une insulte au bon sens. » C’est M. Ward qui, en présentant sa motion, fait le procès de l’établissement anglican, et le signale comme la cause principale, si ce n’est unique, des maux