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LE ROYAUME-UNI ET LE MINISTÈRE PEEL.

dérée à titre de glèbe, et de quelques maisons à titre de presbytère.

3o  La réforme parlementaire et municipale. Lord Palmerston n’en est pas d’avis ; mais il est aisé, en refaisant la loi d’enregistrement électoral, d’augmenter jusqu’à un certain point le nombre des électeurs.

Ainsi de bons conseils aux propriétaires, la faculté pour les catholiques de faire, à leurs frais, cadeau à leurs prêtres de terres et de maisons d’une étendue modérée, tout en continuant de payer l’établissement anglican ; enfin la réforme d’une loi de procédure : voilà tout ce que les whigs tiennent en réserve pour la pacification de l’Irlande. N’est-ce pas une dérision ? et lord Stanley, après cela, n’est-il pas en droit de les railler un peu ? Voici au reste comme, après le programme de lord Palmerston, le Tablet, organe spécial des catholiques en Angleterre, appréciait la conduite des whigs : « Quant aux whigs, rien de plus risible que leur conduite. Un de ces jours, ils enverront aux journaux un avertissement ainsi conçu : On demande une politique d’opposition pour l’Irlande. Ils sont très forts sur les peut-être et les presque. Ils parlent haut et large, mais sans rien dire. Ils insinuent de grandes espérances et de petits doutes. Ils paraissent désireux d’avancer, et non moins désireux de battre en retraite. Ils sont pour aller en avant et pour rester en place à la fois. En un mot, ils font tous leurs efforts pour prouver à l’Irlande, que ses affections sont mal placées, et qu’elle les doit à leurs petites personnes et au petit parti dans lequel leur petite fortune est si heureusement embarquée. Présomption et fatuité que tout cela ! » Le jugement est sévère, mais il n’est pas dénué de toute vérité. Encore une fois ce sera pour le dernier ministère whig un éternel honneur que d’avoir gouverné l’Irlande modérément, pacifiquement, avec bienveillance et impartialité ; mais les temps sont changés, et l’Irlande ne veut plus être arbitrairement ballottée, selon les vicissitudes ministérielles en Angleterre, de la justice à l’injustice, de la douceur à la violence. Ce qu’il lui faut, ce sont des institutions qui, sous tous les ministères, lui assurent l’équité qu’elle a droit d’attendre, et l’égalité qu’elle réclame. Les whigs ne redeviendront plus ses hommes, tant qu’ils lui refuseront ces institutions.

Quand les whigs, membres de l’opposition, promettent si peu, ce serait miracle que les tories au pouvoir fussent plus généreux. Ceux qui, de leur cabinet en France, s’étonnent que sir Robert Peel hésite à rendre pleine justice à l’Irlande ne prouvent donc qu’une chose,