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de l’amortissement seront disponibles pour les grands travaux publics. Il est même permis d’espérer qu’une partie des réserves de 1846 pourra recevoir cette destination.

M. le ministre termine la première partie de son exposé en faisant remarquer premièrement qu’il a dû baisser le taux de l’intérêt des bons royaux pour empêcher l’exagération des encaisses, secondement qu’il a dû également réduire les avances des receveurs-généraux autant du moins que pouvaient le permettre les règles que la prudence impose en pareille matière. On comprend que, dans de telles circonstances, il n’ait pas jugé opportun d’émettre tout ou partie des deux derniers tiers de l’emprunt ; mieux valait en effet, ainsi qu’il le dit, laisser le premier emprunt se classer définitivement et le crédit public se développer.

Quant au budget de 1845, il se solde par un excédant de recettes de 818,434 francs, les ressources étant calculées à 1,276,925,231 francs, et les dépenses à 1,276,106,797 francs. Nous ne pouvons pas entrer aujourd’hui dans l’examen des modifications en plus ou en moins que chaque ministre a apportées dans le budget de son ministère. Dans ce moment, nous ne voulons signaler à l’attention de nos lecteurs que le budget du ministère de la marine. En substituant aux anciennes positions, connues sous le nom de disponibilité de rade et de commission de port, une position intermédiaire désignée sous le titre de commission de rade, M. le ministre de la marine pourvoira, avec 24 millions de francs, à un effectif naval de 160 bâtimens à la mer et de 30 bâtimens en disponibilité de rade, en tout 190 bâtimens, tandis que, dans le système précédent, il fallait 25 millions pour 140 bâtimens à la mer, 16 en disponibilité de rade, et 4 en commission de port, en tout 160. Il paraît que cette mesure importante sera en outre favorable à l’instruction des équipages de ligne, et qu’elle laissera à la disposition du commerce un plus grand nombre de marins de l’inscription, car les bâtimens placés en dehors des bassins des ports, pourvus de tout leur matériel à bord, auront moins d’hommes qu’à l’ancien état de disponibilité de rade, mais beaucoup plus que n’en comportait celui de commission de port, et leur garnison sera composée de la partie des équipages de ligne qui jusqu’ici était restée inutilement casernée à terre.

Les nouvelles extérieures n’offrent point d’alimens à la curiosité des hommes politiques. L’Irlande se préparait au procès d’O’Connell, dont nous ne tarderons pas à connaître l’issue, car c’est aujourd’hui qu’il commence : chez nos voisins une fois les chicanes de la procédure préalable épuisées et le débat commencé, tout marche rapidement. O’Connell demeure fidèle à son plan ; point de transaction et point d’émeute. Singulier spectacle que celui d’un peuple qui lutte contre une grande nation en se croisant les bras, et qui ne désespère pas de vaincre ! O’Connell s’attend à une condamnation, et il y prépare l’Irlande catholique. « Tant mieux, s’est-il écrié lorsque la partie poursuivante récusait les jurés catholiques, je n’aurai pas la douleur d’avoir