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L’ISTHME DE PANAMA.

cependant qu’on pût conduire au sommet un suffisant approvisionnement d’eau. Mais le rapport du général Orbegoso renverse tout l’espoir qu’on avait d’une navigation fluviale régulièrement bonne dans le Chimalapa ou dans tout autre cours d’eau pour descendre dans l’Océan Pacifique. Le Chimalapa n’est praticable, même pour des pirogues, que pendant la saison des pluies. À San-Miguel de Chimalapa, qui est à 40 ou 45 kilomètres des lagunes attenantes à la mer, et même 13 kilomètres plus bas, son lit est à sec pendant le tiers de l’année. Le sol étant perméable et les vallées très ouvertes, il ne serait pas facile d’établir de grands réservoirs pour suppléer à l’absence des eaux fluviales en recueillant les pluies. Un canal sur le versant de l’Océan Pacifique devrait s’alimenter des eaux du Guasacoalco lui-même, amenées par une rigole au travers de la crête.

Il n’est pas démontré que la disposition du sol interdise absolument l’établissement d’une pareille rigole. À partir de leurs sources, le Guasacoalco et le Chimalapa coulent parallèlement l’un à l’autre de l’est à l’ouest, séparés par une distance de 28 kilom., pour se détourner, le premier à Santa-Maria de Chimalapa, vers le nord, le second à 6 kilom. au-dessous de San-Miguel, vers le sud, afin d’atteindre chacun son océan. Une rigole tracée obliquement du Guasacoalco au Chimalapa, dans la partie de leurs cours où ils sont parallèles, atteindrait celui-ci, sans avoir à se développer sur plus de 30 à 40 kilomètres, ce qui, pour une rigole alimentaire, n’a rien d’inusité. À Santa-Maria, le Guasacoalco coule à un niveau qui est à peu près le même que celui du Chimalapa à San-Miguel. Il n’y aurait donc qu’a prendre le Guasacoalco un peu au-dessus de Santa-Maria pour qu’il vint se verser naturellement à San-Miguel dans le Chimalapa ; mais il faudrait que le terrain permit à la rigole de passer, moyennant des souterrains médiocrement étendus. La direction dans laquelle le général Orbegoso a cherché un passage n’y est pas favorable, car il faudrait être en souterrain presque sur toute la distance. Il est allé à peu près tout droit de Santa-Maria à San-Miguel[1].

Le général Orbegoso conclut en ces termes, que la canalisation de l’isthme de Tehuantepec demeure problématique et gigantesque[2] ;

  1. À San-Miguel, le Chimalapa est à 173 mètres au-dessus de la mer : le village de Santa-Maria est à 286 mètres ; mais le Guasacoalco est de beaucoup plus bas que le village. 13 kilomètres plus bas, il est à 160 mètres 10 centimètres, ce qui permet de supposer que le niveau du fleuve à Santa-Maria est à 170 mètres environ.
  2. Eu égard probablement aux sommes dont pourrait disposer le gouvernement mexicain.