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mais il regarde comme facile une communication résultant d’une bonne route entre les lagunes de Tehuantepec et le Guasacoalco.

On aurait ensuite à remédier, s’il était possible, à l’absence d’un port passable sur l’Océan Pacifique. Tehuantepec mérite à peine le nom de rade. On y arrive par deux lagunes successives et profondes d’environ 5 mètres, dont l’une est très allongée parallèlement au littoral ; l’autre, placée en arrière de celle-ci et beaucoup plus courte, a encore 17 kilomètres. Depuis la fin du XVIe siècle, Tehuantepec est très peu fréquenté ; la mer se retire journellement de ces côtes ; l’ancrage y devient d’année en année plus mauvais, le sable que charrie le Chimalapa augmente la hauteur et l’étendue des barres sablonneuses placées au débouché de la première lagune dans la seconde, et de celle-ci dans la mer, et déjà Tehuantepec n’est plus accessible qu’à des goëlettes.

L’exploration du général Orbegoso constata dans l’isthme la présence d’une magnifique végétation, indice d’un sol riche. Même avant le voyage de M. de Humboldt, les belles forêts de Tarifa avaient attiré l’attention de la cour d’Espagne. La fertilité de la spacieuse plaine de Tehuantepec fut pareillement avérée de nouveau. Il en fut de même de la salubrité relative du pays, à une certaine distance de la mer. Enfin on se souvint que jadis l’isthme avait été fort peuplé, et on en conclut naturellement qu’il pourrait le redevenir. De là un plan de colonisation qui fut mal exécuté, et se termina par la mort ou la dispersion des colons, mais qu’on pourrait reprendre avec avantage.

Le projet de faciliter la communication entre les deux océans par l’isthme n’a pourtant pas été abandonné. Il y a deux ans, le gouvernement mexicain a concédé l’entreprise à don Jose Garay. Si je suis bien informé, l’œuvre a reçu un commencement d’exécution ; mais il ne s’agit plus d’un canal maritime, d’un ouvrage qui tienne lieu d’un bras de mer. Le plan est infiniment plus modeste, et se rapproche de celui du général Orbegoso.


II. Isthme de Honduras. — Après l’isthme de Tehuantepec, la chaussée placée entre les deux océans se flanque du contrefort massif de la péninsule de Yucatan et s’élève dans la même proportion. Les montagnes sont hautes, serrées les unes contre les autres, et présentent un obstacle continu. Il en est d’abord de même de l’autre côté de la presqu’île autour de la baie de Honduras, elles forment une muraille à pic qui semble se dresser subitement du sein