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L’ISTHME DE PANAMA.

Lyon à Marseille aura des souterrains fort étendus aussi. Cependant sur un canal maritime, en supposant qu’on pût en admettre, ce qui est bien douteux, ils devraient être plus spacieux et plus élevés, doubles en largeur et en hauteur de ce qui est en usage sur un canal à grande section, dans l’hypothèse même où les navires seraient démâtés ; ce serait une surface de percement quadruple, et la dépense serait accrue d’autant dans les circonstances les plus propices.

Suivant les autres directions, les renseignemens techniques manquent. Je lis dans une description de l’Amérique centrale et du Mexique, imprimée à Boston en 1833[1], que la ligne de faîte entre le lac de Leon et l’Océan Pacifique s’abaisse jusqu’à n’être plus que de 15 mètres 55 centimètres au-dessus du lac. L’auteur ajoute que du même lac à la rivière Tosta il n’y a que 19 kilomètres, et que la rivière Tosta, au point où l’on pourrait la rejoindre, est à 91 centimètres au-dessus du lac. Ce serait fort heureux, car dès-lors on serait affranchi de la pénible obligation d’un souterrain, une tranchée de 16 mètres au maximum n’ayant rien qui sorte de la pratique la plus usuelle des ponts-et-chaussées. Mais ce livre ne fait pas connaître l’origine des informations auxquelles il initie le public, et l’on n’en trouve trace nulle autre part. Il faut donc les accueillir avec beaucoup de réserve. Tout ce pays est à explorer encore. Ces contrées, si intéressantes pour le commerce de l’univers, si attrayantes par leur éclat, leur fertilité et le charme de leur climat, ont été moins fréquentées par les voyageurs en état de les apprécier et par les savans avides des secrets de la nature que les plateaux inhospitaliers de la Tartane, les déserts brûlans de l’Afrique et les glaces du pôle. Pour mettre le lecteur à même de juger de l’obscurité qui règne encore sur la géographie la plus élémentaire du pays, il nous suffira de mettre en regard les unes des autres les évaluations de la distance de Realejo au lac de Leon présentées par les divers observateurs. Dampier la porte à 20 milles anglais (32 kilomètres). M. Léon Leconte, jeune Français plein de courage, qu’un noble sentiment de patriotisme a déterminé à faire plusieurs voyages dans l’isthme, à l’effet de rechercher le meilleur tracé du canal des deux océans et de placer cette entreprise sous le patronage de son pays dit que de Redejo à Moabita sur le lac, il y a 30 milles (48 kilomètres). M. Stephens, d’après M. Bailey, estime à 60 milles (96 kilomètres) l’espace entre Realejo et le lac de Leon. Cette dernière estimation est exagérée.

  1. Mexico and Guatimala, t. II, p. 285.