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en soit, là n’est pas le péril actuel pour le cabinet. Il est tout entier dans l’irrésolution manifeste de la chambre et peut-être aussi dans les dispositions de la couronne. Il est dans le contre-coup déplorable que des fautes récentes ont exercé sur l’opinion des départemens, il est enfin dans l’éventualité de cinq réélections qui auraient une signification si grave et si pénible pour tous les amis de la monarchie de 1830. Nous désirons vivement, dans l’intérêt du pays, que la question soit bientôt tranchée, et que chacun prenne un parti sans rien laisser au hasard de ce que la prudence commande de lui ôter.


On vient de remettre dans la publicité l’un des monumens les plus extraordinaires dus au génie d’une femme. Nous voulons parler de la Théorie des lois de la monarchie française, par Mlle de Lézardière[1]. Ce fut à la fin du règne de Louis XV que le plan de cet ouvrage si original et si vaste fut conçu au fond d’un château du Poitou, par une très jeune personne. La publication de ce livre causa une vive sensation, quoiqu’elle coïncidât avec la crise révolutionnaire, qui était alors dans toute sa violence. L’édition de 1792 est aujourd’hui d’une extrême rareté. Celle qui vient de paraître contient une troisième partie complètement inédite, qui embrasse l’intervalle compris entre le IXe et le XIVe siècle, entre Charles-le-Chauve et saint Louis. Les causes et les effets de l’institution féodale y sont envisagés sous un point de vue complètement neuf. Nous reviendrons sur l’œuvre de Mlle de Lézardière, que tous nos lecteurs connaissent d’ailleurs de réputation par une belle lettre de M. Augustin Thierry, insérée dans cette Revue.


V. de Mars.
  1. Quatre forts vol. in-8o au comptoir des imprimeurs-unis, quai Malaquais.